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6 février 2010

Interview avec Jacques Tallote auteur d’un premier roman “Alberg”

Voici quelques semaines, j’ai eu le bonheur de recevoir grâce à BOB et les éditions La Table ronde, le livre “Alberg” de Jacques Tallote. Puis lors de ma critique en ligne, Jacques Tallote m’a fait l’honneur de me contacter et m’a proposé de se prêter à un interview ci –dessous.

Je remercie Jacques Tallote d’avoir pris le temps de répondre à ces questions que j’ai voulu peu nombreuses sachant pertinemment que les blogueurs prennent pas toujours le temps de lire complètement de long billet . En espérant que cet interview répondra aux attentes de certains lecteurs de ce livre et ouvrira l’appétit pour d’autres. Je rappelle que ce livre est en voyage sur ce blog même

***

Avez vous tenté de publier un roman ou d'éditer autre chose avant «Alberg» ?

Non. J'écrivais de la poésie et la chance d'éditer un recueil est presque inexistante. Comme je ne voulais pas publier à compte d'auteur, écrire était alors pour moi un exercice spirituel qui me satisfaisait. Pour le roman, l'acte de publier va de soi, pour la poésie c'est différent, la parenté avec le silence est plus grande.

Qu'aimez vous lire, quels sont vos goût musicaux ?

J'aime beaucoup la poésie anglaise, les récits de voyage... Des romanciers , Updike, Thomas Pynchon... Si, avant d'aller sur la fameuse île déserte je devais choisir trois livres, aujourd'hui je prendrais: Les poésies complètes d'Emily Dickinson, le journal de Kafka, et un texte religieux; un Soûtra bouddhique, ou bien le Récit d'un Pèlerin Russe que j'ai découvert grâce à J.D. Salinger, mort il y a quelques jours.

Quand à mes goûts musicaux, c'est vaste: La musique baroque, le jazz cool, ( les saxophonistes), Robert Wyatt, où des groupes plus récents comme Portishead».

Comment voyez-vous les personnages de votre roman ?

Je suis surpris lorsqu'on en parle comme des personnages vivants. Par exemple lire dans un blog que le couple Thomas /Lucie n'a pas d'avenir, c'est quelque chose auquel je ne pense pas. Pour moi, ils sont portés par une puissance plus obscure qui ne se réduit pas à une psychologie. Ils apparaissent dans un faisceau lumineux et disparaissent quand ils le quittent. Le paysage est aussi important qu'eux. Ils font, avec lui, une unité indissociable. En fait chaque détail a son rôle, ce n'est pas juste un décor; l'image est une émotion à part entière. La brièveté du roman vient de la volonté de concentrer les images, d'en garder l'essence. Le plaisir d'ôter est plus intense que celui d'ajouter.

Mes personnages ( et ce qui les entoure) fonctionnent comme les reflets multiples d'un principe unique. Ils coexistent à l'origine et le narrateur les sépare pour les nécessités de la fiction. Ils n'ont pas plus de psychologie que le monde matériel qu'ils traversent. Ils ont plus à faire avec les mythes. Le Déluge par exemple, est évoqué plusieurs fois. Ce mouvement Destruction/Renaissance, est en fait l'axe du roman.

Comment voyez-vous votre lecteur idéal ?

Attentif aux détails, et ayant la bonté de penser qu'Alberg n'est pas un puzzle de 40 pièces qu'on assemble en prenant le thé. Mon lecteur idéal est celui qui saurait que tout est énigme, un lac profond ou l'ombre d'une herbe, pas moins que la disparition d'un chapelier.

Que pensez-vous des blogs littéraires ?

Je ne connaissais pas l'existence de ces blogs avant la sortie de mon livre. Beaucoup de blogueurs ne semblent se préoccuper que d'une chose : se divertir. C'est déroutant car seule la littérature populaire poursuit ce but unique, je ne dis pas ça ( j'insiste) de manière péjorative, mais ni Rimbaud, ni Joyce, ni Kafka, ni Daumal, ni des centaines d'autres ne résisteraient à ce seul critère. Il faut admettre que certains textes se livrent moins vite que d'autres, qu'accéder au plaisir de les lire demande plus d'efforts. On semble l'accepter pour l'ascension d'une montagne, mais s' il s'agit de littérature, la plupart des blogueurs exigent un terrain plat.

Je pense en fait qu'il serait prudent de ne parler que des livres qu'on aime et surtout de ne pas faire de listes des autres comme le font maladroitement certains blogs. Que « XMachin » trouve que Dostoïevski l'ennuie ou que Nabokov écrit mal n'a pas le moindre intérêt. Personnellement, je n'ai pas honte de ne pas pouvoir lire un traité de topologie algébrique, mais on dirait que certains, vexés de ne pas comprendre, se vengent du temps perdu à essayer de le faire. C'est curieux comme attitude non ? D'une prétention dérisoire ! Et humainement nul.

En conclusion, il faudrait que peu à peu les j'aime/j'aime pas, se transforment en analyses plus fines, plus élaborées. Et que le goût de la littérature submerge les petits numéros narcissiques de classement et de notation. Alors les meilleurs blogs prendront la place qu'ils méritent.

On ira sur les autres ( jusqu'à leur disparition) pour apprendre que «XMachin» préfère Didier Barbelivien à Stéphane Mallarmé.

Jacques Tallote

Merci Jacques Tallote pour cet interview, et ce roman que vous nous avez livré, souhaitons-lui tout le succès qu’il mérite.

Pascale de Mot à Mot

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Commentaires
K
J'aime le passage sur les blogs littéraires, c'est bien d'avoir un avis objectif de l'extérieur, mais un extérieur concerné (si je me fais bien comprendre) <br /> J'ajouterai que je n'ai rien contre la topologie algébrique , même si mes souvenirs de topologie sont lointains, et pas si algébriques que cela...
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