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6 mars 2010

Le reste est silence de Carla Guelfenbein

Le point de vue de l’éditeur

Tommy a douze ans, et une maladie cardiaque qui lui interdit les jeux turbulents des garçons de son âge. Caché sous une table, il s’amuse à enregistrer sur son Mp3 le joyeux verbiage d’un banquet nuptial. Et voilà que l’on parle de sa mère, brutalement disparue dix ans plus tôt. Une brèche s’ouvre dans les secrets si bien gardés d’une famille recomposée, comme il en existe tant. La vie que tous croyaient ordonnée et paisible dérape, et les liens se distendent à mesure que l’histoire se tisse. Dans les non-dits de l’autre, chacun cherche sa propre vérité. L’enfant découvre à travers la mort violente de sa mère l’improbable “faute” de la judéité. Le père voit se raviver l’abyssale impuissance à protéger ceux qu’il aime. Et la belle-mère d’affronter une fragilité qui lui vient de l’enfance, une incapacité d’aimer et d’être aimée.

Le reste est silence explore avec grâce la part d’ombre de chacun – cet infime espace intime auquel même l’amour ne peut donner accès – pour rappeler que c’est l’addition de toutes ces blessures qui constitue la pierre angulaire de l’édifice familial.

Petite anecdote : moi qui apprécie Actes Sud pour leurs livres de qualité, des couvertures superbes …

Ce livre faisait partie de ma sélection de la rentrée littéraire hiver 2010,  en voyant le titre et la couverture sans même avoir lu le résumé, je savais que je le lirais. Le titre, rien que le titre me résonne profondément et cette couverture fait l’écho de ce silence qui me parle et m’appelle.

J’ai acheté ce livre dans la foulée, d’occasion à bon prix mais avec ce bémol que le vendeur n’a pas eu la délicatesse de préciser qu’il l’avait gratuit en SP, je le souligne car après “Tache aveugle” même éditeur, même scénario mais pas le même vendeur, je commence à me poser des questions ????  Je n’aime pas trop ces non-dits et ces désagréments à l’arrivée du colis, surtout un si beau livre que j’aurai pu offrir aussi car il est neuf de chez neuf et vendu “comme neuf” et sûrement jamais lu !!! Enfin, j’aimerai bien moi, faire partie des heureux élus de chez Actes Sud pour recevoir des livres même avec des tampons ça m’éviterait de les acheter mais au moins ils seraient LUS ! De grâce chers vendeurs chanceux de recevoir des livres d’Actes Sud avec tampon “Exemplaire gratuit, ne peut être vendu!!!” certes neuf mais d’occasion oui,  veuillez le préciser sur vos annonces, d’avance merci… A bon entendeur !

Mon avis

C’est un livre qui surprend, étrangement on se sent pris au piège par l’histoire. De fil en anguille, les personnages se dévoilent et du moins se révèlent sous leurs faiblesses, leurs blessures, leurs silences, tout un monde se manifeste les poussant à des actions extrêmes. Au début, le tableau est superficiel et puis doucement l’auteur nous guide vers les détails, puis les profondeurs des êtres, on se laisse glisser vers les méandres psychologiques de chacun, et tout semble si différent, si fragile, si tendu, si douloureux. Comme si on entendait un cri étouffé venant du plus profond de leur âme, se débattant pour hurler et exorciser leur mal…

On les sent prisonniers de leur passé tout comme de leur présent et encore plus de leur avenir et en silence leur souffrance murmure un besoin urgent d’une écoute, d’une main tendue, d’une compréhension, d’une lumière.

Quand le silence cache une vérité, quand le silence ne fait qu’enfoncer le mal au plus profond de soi, étouffant du même coup, les sentiments mais qu’au hasard un enfant devient le témoin d’une révélation qui fait basculer tout un château de cartes, alors le mécanisme est enclenché, chacun dans son labyrinthe tentera de trouver une issue heureuse, chacun tentera de se retrouver, de se perdre pour mieux se comprendre…

Il y a avant tout, des êtres humains victimes de leur condition sociale qui préfèrent faire bonne figure publiquement et cacher la vérité sur les origines et sur la mort de la mère du petit Tommy qui lui, souffre cruellement du manque de sa maman et voudrait bien comprendre pourquoi lui a-t-on caché cette maudite vérité. Il n’a de cesse de mener l’enquête sur ses origines, sa mère, sa maladie … Seul en silence, il va chercher une réponse, en souffrance d’être déjà comme sa mère, rejeté par sa faiblesse physique.

Puis son père, acteur et spectateur de cette mauvaise pièce, vouant un amour pour son épouse défunte, tout autant pour Alma sa nouvelle compagne, reste mué dans une sorte léthargie totale, vivant dans la crainte que son fils subisse une défaillance cardiaque.  Il est père avant tout et protège son fils par des interdictions, le condamnant à vivre reclus sans vraiment s’en rendre compte… il croyait connaître son fils, il croyait le protéger, il n’a fait que “l’ignorer” dans son vrai mal, il n’a fait que le mettre de côté, sans vraiment l’écouter et le comprendre. Cette léthargie pèse sur Tommy il dit : “Quand papa ne dit rien, c’est comme soudain quelqu’un éteignait la lumière et laissait tout le monde dans le noir, perdu dans son coin. Voilà pourquoi les silences de papa sont noirs. Les silences blancs, par contre, sont pleins de lumière. “

L’histoire peint les difficultés de vivre avec un passé qui  pèse, et chaque blessure si infime soit –elle , tisse une toile qui  lacère et entrave l’ existence et parfois, cette toile  fait trébucher, parfois on se relève parfois on se blesse, parfois on ne se relève pas du tout…

L’histoire d’Alma et des relations avec sa mère, Alma et son amant, Alma et son mari, Alma et Tommy, Alma et sa fille… l’histoire d’une femme qui est lourde de tous ces êtres qu’elle aime tous, mais Elle , la regarde t-on ? Alma et sa maison d’eau… une psychologie fine et complexe à la fois sur ce personnage, j’ai beaucoup aimé comment l’auteur a su nous débobiner tout ce sac de nœud qu’Alma porte en elle, comment elle va parvenir à se libérer, quand la maison d’eau s’effondrera et qu’elle comprendra les qualités de sa mère et tout ce destin qui est parfois si peu ami avec le hasard…” C’est alors que la chose arrive. La maison d’eau s’effondre. Je n’ai plus d’endroit où me cacher. j’éclate en sanglots, le corps secoué de convulsions. Je me plie en deux et j’enfouis mon visage dans mes mains. je pleure, penchée en avant, chassant le venin de mon corps. Ma mère m’entoure et m’attire contre sa poitrine. J’entends son cœur dans mon oreille.”

Alma est conscience de la faiblesse de l’être humain, chacun d’entre nous change, sans vraiment le vouloir, ainsi va la vie je dirais.

“ Quand peu à peu la passion s’éteint, nous vivons de souvenirs, d’intentions, de loyautés et de sentiments qui possèdent autant sinon plus de valeur que l’ardeur à laquelle ils ont succédé. Il y a encore quelques semaines, comprendre cela me semblait être un signe de maturité, mais aujourd’hui je trouve que c’est une élégante boîte vide. Nous sommes le théâtre d’innombrables processus invisibles, des cellules meurent, d’autres naissent, certaines entreprises s’arrêtent et d’autres démarrent. Et soudain nous avons changé.”

Assurément les deux personnages clé de ce roman est à mon avis Tommy et Alma…

J’avais retenu un passage mais en lisant le billet de l’or je constate qu’ elle l’a aussi  retenue ce morceau et un autre sur la douleur mais je mets quand même celui de la page 30 car ce morceau est l’image parfaite de l’histoire : Grandir, c’est comme gravir une montagne avec une grande pancarte autour du cou sur laquelle est écrit : OUBLIE…

Ce passage résume Tommy et sa souffrance à devoir grandir sans sa mère et son handicap cardiaque… ça résume aussi Alma qui renie ses origines de bas de quartiers et le comportement douteux de sa mère… qui a du grandir avec sa mère certes mais seule toutefois… l’absence de la mère est dans les deux cas, une immense douleur, un précipice sur lequel l’enfant joue tentant de ne pas basculer vers ce vide béant et attirant. Avec toutes ses forces et ses moyens, il ira tant bien que mal sur le chemin de la vie portant ce fardeau de l’oubli et comblant ce vide à sa façon.

il y a Léo, l’écrivain un personnage aussi en souffrance, plusieurs fois désintoxiqué, il porte en lui les traces de ses chutes vertigineuses avec la drogue, l’alcool… une faiblesse quelque part… le personnage de Léo est moins détaillé mais tout aussi intéressant. J’ai relevé un passage sur les livres qui justifierai le personnage qui vit sans vraiment trouver une stabilité, sa personnalité, qui fuit sa vie, ses responsabilités :

- Tu aimes la lecture, n’est-ce pas ?

- C’est mon passe temps préféré.

- C’est aussi le mien (c’est dans le bouquin, mais aussi le mien !)

- pourquoi ?

Léo réfléchit une seconde.

- Sans doute parce qu’en lisant je m’infiltre dans un monde qui s’écoule parallèlement au mien. C’est aussi pour cette raison que j’aime écrire.

j’ai beaucoup aimé tout le voyage au coeur de la fragilité de l’être que l’auteur nous offre, c’est subtile, sublime, fragile et tellement révélateur qu’on en tremble : “Il y a un espace, un espace infime, qui nous appartient. C’est là que réside notre essence. C’est lui qui nous fait ce que nous sommes, qui nous permet de changer le cours de notre route. Comme les voiles des frégates. Parfois, il suffit d’un mouvement imperceptible pour changer les choses. “

Sur ce dernier extrait, je ne peux que vous dire que j’ai adoré ce livre malgré le poids lourd de cette souffrance que je ressens que trop bien à travers les différents personnages, mais la délicatesse de l’écriture rend moins amère le tragique destin de chaque personnage. Quelque part, on se retrouve en chacun d’eux, une lumière portée sur un coin sombre de notre fragilité, prise de conscience que nous sommes que des êtres vivants à la merci de notre destinée … C’est une révélation de la complexité de l’être, de ses faiblesses et son besoin immense de se sentir aimer, compris mais aussi être lui-même sans entrave ni barreaux, être accepté pour lui et non pour ses origines et son statut…  ne plus être le reflet de l’autre mais être soi à part entière.

un roman très fort, une histoire émouvante et bouleversante, subtile et je dirai poétique à la fois… très belle écriture, un auteur à retenir… à lire et à découvrir…

“le reste est silence” est son troisième roman … Actes sud a publié en 2007 “ma femme de ta vie” que je compte bien lire…

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Commentaires
S
A BelleSahi, il est magnifique, c'est un vrai coup de coeur et je compte bien lire d'autres livres de cet auteur... <br /> <br /> il y a comme ça des livres qui sont tout simplement sublimes ...
B
Il est beau. La couverture, l'écriture. J'ai Ma femme de ta vie sur ma table de nuit.
S
A alex oui un vrai coup de coeur et mon dieu quel délice de pouvoir lire de tels livres ! bon dimanche
A
Voilà un vrai coup de coeur. J'aime beaucoup les éditions Actes sud, et je trouve cette couvertue particulièrement réussie.
S
A Keisha : comme tu dis pas glop ! c'est même honteux, et j'aimerai bien qu'Actes Sud puisse me répondre à ce sujet comment se fait-il qu'ils mettent des tampons " Gratuit ne peut être vendu" et que certains détournent cette mention, qu'ils vendent leurs livres, ça les regardent mais au moins qu'ils le mentionnent car je l'aurai acheté toutefois vu le prix plus qu'intéressant pour du neuf... <br /> awoaouissssssssssssss on se pose des questions parfois... ne pas savoir la chance d'avoir de si beaux livres gratos et les revendre sans même les avoir lus ça j'en mettrai ma main à couper, pfffffffffffff ça me désole quel gâchis !!!!!!!!! je rage !!!!!!!!!!!<br /> <br /> voyage voyage : <br /> il est à disposition quand tu veux keisha !<br /> bon dimanche à toi
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