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17 juillet 2010

Soeur Emmanuelle mon amie, ma mère

“L’amour est plus fort que la mort”

Sœur Sara est la seule à pouvoir appeler sœur Emmanuelle «mon amie», «ma mère». Elles ont partagé pendant dix-huit ans un don total de soi au service des plus déshérités.
Avec sœur Sara, compagne de la première heure dans les bidonvilles du Caire, nous découvrons des aspects inédits de la vie hors norme de sœur Emmanuelle. Dans ce récit vibrant, «Sara de mon cœur», comme l'appelait sœur Emmanuelle, nous introduit dans le dialogue ininterrompu avec sa «mère» qui continue d'inspirer son action aujourd'hui, sur le terrain.
Ce témoignage bouleversant, ponctué d'anecdotes drôles et surprenantes, montre la force d'un amour divin. Au nom de cet amour, deux femmes ont métamorphosé la vie de milliers de personnes. Elles ont déplacé les «montagnes» de l'exclusion, de l'illettrisme et de la mortalité en libérant les femmes du poids de la coutume.
Sœur Sara retrace une formidable aventure de fraternité qu'elle prolonge avec un message d'espoir : «L'amour est plus fort que la mort.»

***

J’ai lu ce livre grâce à la bonne idée de la ronde des pots-it qui en a fait un livre voyageur, et que je remercie car je  pense  que je n’aurai jamais eu l’idée de lire ce livre. Je ne suis pas du tout genre catho et autre religion bien que je respecte toutes les croyances et les différences mais j’avais plutôt une admiration pour cet être, ce petit bout de femme de rien qui avec si peu, juste sa volonté, sa détermination, sa foi il faut bien le dire, sa ténacité et son courage, combien elle a su bouger une montagne énorme !

Je ne connaissais que, ce que les médias veulent bien nous laisser entendre et voir sur cette religieuse, et ce livre est à mon humble avis un véritable témoignage au cœur de ce miracle que Soeur Emmanuelle puis rejoint par Soeur Sara ont pu accomplir. Un véritable exemple d’humanité, d’actions authentiquement porteuses de changement dans le bon sens des choses. 

C’est en allant au coeur des problèmes qu’on peut arracher le ver du fruit qui pourrit irrémédiablement. Croyez-vous que l’argent suffit à camoufler l’horreur d’une population si on ne prend pas la peine de comprendre, de voir, de vivre le problème.

Soeur Emmanuelle, est partie malgré des mises en garde, vivre dans un premier temps avec les chiffonniers du Caire pour leur venir en aide, si personne n’avait osé y aller, ce bidonville serait sans doute encore tel qu’elle l’a trouvé, même les habitants étaient loin de s’imaginer la misérable condition de vie d’une population entière, sœur Sara arrivant pour la première fois  : page 37 “Mes soeurs et moi sommes intimidées au milieu de cette joie qui nous dépasse. Nous esquissons des sourires, embrassons quelques enfants qui s’approchent. Tu me demandes de traduire pour toi et je fais de mon mieux pour paraître à l’aise. Mais, au fond de moi, je suis terriblement gênée. J’ai honte. Oui, honte. Je te l’avouerai plus tard; Moi, une Egyptienne, j’ignorais totalement la réalité de ce quartier de chiffonniers. Je n’imaginais pas qu’il pouvait exister un tel degré de dénuement, un tel poids de souffrance. Je ne peux m’empêcher de penser : “c’est une étrangère qui me révèle la misère de mon pays !” Je suis effondrée par ce que je découvre. Mes yeux se noient de larmes. Des larmes de honte mêlées de désespoir”

Une bonne partie du livre est consacrée aux actions qu’ont entrepris Soeur Emmanuelle avec l’aide de Soeur Sara sans oublier l’ami Jean qui fut d’un grand secours pour tous ces besoins. Vous énumérer tout, serait une liste longue mais voyez vous de notre petit confort on est à des années lumières d’imaginer combien une simple orange devient une source unique de vitamines pour des enfants, ce qui a fait naître l’opération orange (voir en bas le lien) …

Je ne peux vous raconter tout le livre mais je vous invite à le lire et vous serez, je pense étonnés, de comprendre que ce n’est pas en restant derrière un bureau qu’on peut améliorer la condition humaine mais c’est en allant sur le terrain qu’on peut comprendre l’ampleur des dégâts et pouvoir faire changer les choses.  Si certains pouvaient lire ce livre plutôt que de parler dans le vide, ça leur montrerait simplement qu’une religieuse si petite soit-elle en taille mais tellement grande en volonté et efficacité, fut capable de changer les choses, alors eux avec leur grand pouvoir, leur capacité à distribuer des fonds combien ils pourraient changer les choses si ils prenaient la peine de venir voir un peu ce qu’il se passe !  Sans aller dans les bidonvilles, tiens par exemple : si ils venaient vivre dans les mêmes conditions que dans les cités pour comprendre pourquoi les gens agissent en dépit du bon sens. Vivre et subir, ça leur permettrait d’agir plus vite et plus efficacement, non !

Je note un passage  qui m’a donné matière à réfléchir : page 53 “ Ce jour-là, dans ta cabane, je compris que c’est en se vidant que l’on accueille l’essentiel. Il y avait eu trop de superflu dans ma vie. Grâce à toi, j’entrais dans la pauvreté qui est une voie de délivrance. “

Le livre nous apprend les horreurs de la condition féminine entre autre et c’est par ces conditions déplorables que Soeur Emmanuelle va débuter le grand chantier si je puis m’exprimer ainsi reprenant une citation de Gandhi : “Si tu éduques un homme, tu éduques un individu. Si tu éduques une femme, tu éduques un peuple.”

Avouez que ça nous donne matière à creuser un peu cette réflexion.

Soeur Emmanuelle fera donc tout pour combattre la condition féminine par commencer cesser ces pratiques barbares de l’excision, des scènes horribles allant jusqu’à la mort parfois faute de  soins et de d’hygiène de tant de petite fille. Page 86 “ La mère tenait sa petite de 5 ans, qui se débattait apeurée, les yeux remplis de larmes. Elle lui avait plaqué le dos fermement contre sa poitrine pour l’empêcher de bouger. […j’abrège cette scène] je me suis juré de tout faire pour lutter contre une telle barbarie. L’opération, pour ainsi dire, a duré moins de trois minutes, accompagnée des hurlements de la fillette qu’ont très vite couverts les youyous aigus des femmes. […] Pendant plus d’un mois, les douleurs sont terribles. Tout l’entrejambe est enflé, ce qui rend la marche difficile. Les risques sont sérieux pour la santé et  il y a de nombreux cas mortels de septicémie. D’autant que dans les villages on applique, encore aujourd’hui, des pansements prétendument cicatrisants à base de cendres, quand ce n’est pas de bouse de vache”

Admettez qu’il y a de quoi se révolter, on pourrait penser que les coutumes sont des coutumes, et que faire bouger une coutume, autant baisser les bras de suite, mais ce n’est pas sans compter avec la force de Soeur Emmanuelle pour  élever la femme au rang d’être humain, en lui apportant un minimum d’éducation, et de respect d’elle-même.

Depuis les choses ont changé dans ce bidonville et partout où elle est passée. La scolarisation des enfants, des cours basiques pour les femmes pour l’hygiène, l’éducation sexuelle, ses droits et ses devoirs. Moins d’alcool dans les bidonvilles en occupant les hommes et les jeunes en proposant des activités sportives, donc moins de violence conjugales, etc …

Elle a commencé par le commencement pour remonter la rivière, chantier après chantier, elle a su faire bouger et changer radicalement les choses, les bidonvilles ne sont plus faits de bidons mais de maisons; les enfants peuvent aller à l’école, elle a aussi offert des vacances à ces gens qui ne connaissaient que leurs tas d’ordures comme seule montagne, ça peut vous sembler des petits riens mais qui ont été déterminants.

Soeur Sara, nous dévoile aussi toute une facette de sa propre vie, de sa vocation et son estime pour Soeur Emmanuelle. Elle nous dévoile combien elle était courageuse, déterminée et qu’elle allait toujours au bout du combat sans jamais baisser les bras.

J’ai tout à fait approuver ce passage : page 169 “ Lors de ton séjour dans la cité vaticane, tu fis hausser les épaules et froncer les sourcils de quelques prélats. Ils t’avaient pourtant accueillie avec bienveillance. Mais tu leur demandais avec une innocence feinte pourquoi l’Eglise ne se séparait pas de tout son faste et son décorum d’antan au profit des plus malheureux. A quoi bon ces richesses ? N’était-il pas criminel d’afficher un tel luxe, quand on avait mis ses pas dans ceux du Christ ? Il aurait suffi de vendre une de ces œuvres d’art prestigieuses pour sauver tes frères et sœurs chiffonniers. Tu disais militer pour une Eglise servante et pauvre. Tu savais exposer cela avec éloquence, avec conviction. Tu avais la force de l’expérience de la pauvreté. Toi qui vivais dans la cabane d’un bidonville du tiers-monde, tu t’adressais à des religieux habitant les luxueux palais de Dieu. Tu n’hésitais pas à les mettre en porte à faux avec leur engagement. “

Combien elle est en vrai quand elle montre du doigt la honte de ces religieux de vivre dans le luxe alors que des millions de gens n’ont que des ordures pour vivre. Honte à ces hommes qui se disent des représentants du Christ. Voilà en quoi on devient révolté face à ces contradictions, et qu’on ne peut plus adhérer à cette religion de pacotille, mais plutôt croire comme Soeur Emmanuelle à l’amour des uns et des autres pour avancer sur ce pénible chemin de l’injustice. “L’amour est plus fort que la mort” combien elle a raison.

L’oeuvre de Soeur Emmanuelle perdure grâce à des bonnes âmes, bénévoles et l’opération Orange.

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Pour résumé, une lecture instructive, intéressante et combien bouleversante, que je conseille à tous, croyant ou pas, il n’y a pas de place ici pour de tels préjugés, simplement comprendre la misère des autres, un exemple d’humanité qui devrait être un exemple pour des milliers de politique et autres personnages  hautement placés qui ne font rien ou si peu pour améliorer la décadence de ce monde que ça soit sur le plan humanitaire ou autre… faire bouger une montagne reste possible, lisez ce livre et vous comprendrez.

Un livre d’espoir et de courage, un message pour ceux qui ont envie de venir en aide à cette souffrance qui n’en finit pas, un petit pas, puis un autre, le chemin est pénible et long mais au bout il y a une réussite.

Merci pour ce livre voyageur, qui m’a bouleversée et merci à Soeur Sara de nous avoir livrer ce témoignage remarquable.

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Commentaires
L
Une lecture qui doit être très intéressante... J'avais beaucoup d'admiration pour cette femme qui avait une sacrée personnalité (et qui n'hésitait pas à dire certaines vérités...)<br /> La richesse de la papauté me choque toujours terriblement et ses dernières lignes m'interpellent vraiment...
L
je suis contente qu'il t'ait plu!! :):)<br /> cette lecture remonte maintenant pour moi, mais j'en garde un souvenir extrêmement ému et je pense que je le relirai dans quelques années!
A
Un livre qui doit être très intéressant, en effet.
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