Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mot à mot
Derniers commentaires
Newsletter
26 août 2010

Bons baisers de la montage de Noémie de Lapparent

Un premier roman qui rejoint illico le C1R image_c1r

Résumé  de l’éditeur Julliard

que je remercie pour ce partenariat ainsi que l’ami BoB  Blog-O-Book

Rien de plus ennuyeux qu’ une station de sports d' hiver quand on n a pas les moyens de se payer ni les remontées mécaniques ni la location de skis.
Pourtant, « Péril rouge », ainsi que la surnomme ses amis, a fini, faute de mieux, par accepter l invitation de ses cousins. Un soir, elle apprend l'existence d'un garçon étrange, vivant dans un chalet non loin de là, que ses parents ont tenu enfermé dans un placard depuis sa naissance.
Le jour de sa délivrance, à la mort de ses tortionnaires, Paul K., devenu adulte, a choisi de continuer à vivre seul dans sa ferme alpine, sans jamais mettre le pied dehors. Auprès des habitants de la région, il jouit désormais d une réputation de sage et malgré son isolement, on lui prête une connaissance profonde des sentiments humains ; on vient le consulter dans la détresse et chacun en ressort réconcilié avec lui-même. La jeune femme, elle, a toujours été attirée par les mystiques. C' est décidé : Paul K sera son guide.
Au terme d' une expédition calamiteuse, bien qu’ exaltante, Péril rouge parvient enfin à rencontrer l' énigmatique ermite de la montagne.
Mais rien ne se passe comme prévu...
Si dans un premier temps on est séduit par la cruauté, l' autodérision et l' humour (noir) qui conduisent ce récit, on s' aperçoit très vite qu’ une réflexion profonde se cache derrière le comique de situation.
Bons baisers de la montagne évoque le rôle du fantasme dans la rencontre amoureuse, interroge les limites de la prise de pouvoir sur la vie d' autrui.
Des thèmes d' une grande originalité qui font de ce roman une comédie à la fois haletante et subtile dont le dénouement inattendu n' a pas fini de nous faire réfléchir !

Mon avis :

Une histoire qui s'avale aussi vite qu'une glace en plein soleil. Emporté par l'envie de connaître la suite, et tournent les pages, et valsent les chapitres. Un style simple, épuré, mais agréable, direct, tout comme le récit.

Rien de surprenant, toutefois l'intrigue est bien menée, une petite histoire qui ne mange pas de pain, et pourtant à y réfléchir, l'exemple de Paul (le martyre, le héros, le sage) nous laisse en interrogation. C'est ce que j'ai préféré dans ce roman, comment ce personnage a fait de son cachot un endroit de voyages, de méditation. Cette partie aurait mérité d’être creusée, peut-être poussée vers une réflexion philosophique. Au lieu de quoi, on doit se contenter de rester spectateur d’un fait qui retombe aussi vite qu’une avalanche, emportant tout sur son passage. Il y avait matière avec ce personnage, Paul, de nous emporter vers une lecture encore plus intéressante et suscitant un étonnement. 

Le personnage de Paul est ambigu, intéressant, surprenant, tout autant que certains villageois et leur comportement envers lui, mais pas forcément dans le même sens

ET

Je pose  un bémol, quant à leur réaction qui me semble un peu tirée par les cheveux à mon goût, sans doute bon pour la TV mais moins en littérature.  Sans doute, le côté scénariste de l’auteur l’a emporté vers cette direction.

Des points d'humour rendent le roman acidulé et non acide, l'auteur a su exposer les horreurs sans outrance faisant de ce martyr, un héros sans grandes fioritures mais tout en sagesse.

Un roman qui frise la palpitation d'un thriller sans l'être, un roman psychologique sans vraiment nous embarquer dans les méandres scabreux du psycho-drame, une romance fleurie de passion sans réel embrasement, le tout dans un cadre montagnard à vous glacer le sang.

En résumé, je suis restée sur ma faim, j'aurai voulu plus, plus ...mais le plus est parfois de trop, alors c'est sans doute aussi bon ainsi, comme les bons baisers de la montage.

C’est un premier roman avec sa panoplie de nouvel auteur mais je pense ne pas me tromper pour dire que cette auteure à toutes les armes pour nous livrer d’autres romans, plus affinés, et plus creusés pour ne pas dire raffinés. Ce premier opus serait donc une bonne mise en bouche, j’attends la suite.   

Quelques passages retenus :

Pour présenter le personnage particulier : Page 37 : C'est une lourde, massive, imposante, porte en bois. Qui s'ouvre. Paul K est là, quelques centimètres au-dessus de moi. Il a les jambes interminables. Un buste qui se déploie comme les ailes d'un papillon. Les yeux verts. Il a les cheveux châtains. Il a ...les lèvres pâles, mais brillantes. Il a les yeux verts. Et ce nez...

Page 43 : L'homme ressortit aussi brusquement qu'il était entré, nous laissant dans une intimité nouvelle, celle de ceux qui restent. Je sentis que l'instant était privilégié, qu'il fallait en profiter. Je le sentis physiquement, une sensation inconnue m'envahit, une béatitude qui partait du ventre e t se diffusait lentement; Je sentis que chaque parcelle de mon corps lâchait l'une après l'autre, qu'il me disait d'écouter ce silence et de m'en nourrir.

Ce petit passage décrivant une bibliothèque m'a fait sourire Page 103 : Comme je m'avançais vers elle, elle fronça les sourcils en signe de désapprobation et m'indique de la tête un petit panneau qui demandait aux visiteurs de laisser leurs chaussures à l'entrée. J'enlevai laborieusement mes chaussures de ski gouttantes de neige, les rangeai dans le meuble à chaussures installé à cet effet. On nous proposait en échange des paires de charentaises beiges à liseré vert que j'enfilai à contrecœur _ j'avais toujours détesté ça, et pourtant je sentis immédiatement mes orteils se détendre et prendre leurs aises. Je retirai mon blouson et fus agréablement surprise de sentir la douce chaleur qui régnait, la température enveloppante d'un salon où l'on lit en famille, les après-midi d'hiver; En remontant la source irradiante mon regard alla se poser sur un joli poêle en fonte qui trônait derrière la jolie dame blonde, telle une pragmatique extension de son onctueuse bienveillance.

Début du roman :

C’était l’hiver encore. Dans mes moments de remords, je me plais à penser que tout aurait été différent si ça avait été le printemps. Un jour de mai, par exemple. Mais comment savoir ? Qui sait quel cours les événements auraient alors suivi ? Le mois de mars avait mal commencé. Des chutes de neige totalement inattendues avaient bloqué les rues de Paris, compromettant le tournage du film dans lequel je devais jouer – enfin – un joli petit rôle. Le producteur, menteur et ruiné, saisit ce prétexte pour l’annuler à la dernière minute. Pas repousser : annuler, tout bonnement. Adieu veaux, vaches, cochons. Les unes derrière les autres commencèrent à défiler de longues journées vides et chères dans des cafés parisiens désagréables, à ratiociner mon amertume. Tristes, identiques et inutiles. Même la neige ne pouvait me consoler. Je n’en voyais pas l’intérêt, hormis la regarder : tomber, puis fondre, se transformer en gadoue, disparaître, être oubliée, comme si elle n’avait jamais existé. Un sort médiocre. Pourtant, Dieu sait si j’aimais la neige, mais pas à Paris. C’est la montagne qu’il lui fallait pour pouvoir s’exprimer.

C’est alors que me revint l’invitation lancée un peu en l’air trois mois plus tôt par mes cousins germains.

Je ne croisais plus qu’une fois par an, pour le déjeuner de Noël chez ma grand-mère adorée, en Bourgogne, cette fratrie sympathique de grands bourgeois vaguement délurés, qui s’assagissaient l’un après l’autre au fil de jeunes carrières toujours brillantes et prometteuses. Nos divergences s’affirmaient avec l’âge. Je défendais les vertus de la précarité et de l’aventure, eux celles de la réussite et de la bonne bouffe. Cependant, le souvenir enchanté de nos frasques d’enfants maintenait un lien aussi mystérieux qu’indéfectible, en l’honneur duquel ils me conviaient chaque année, inlassablement, à venir passer quelques jours dans leur chalet d’un coin perdu des Alpes, tandis que chaque année, inlassablement, je déclinais. Un pur numéro de politesse, bien rodé. Sauf que cette fois, en désespoir de cause, j’appelai.

« Ça alors, Péril rouge ! Quel bon vent t’amène ? » avait entonné la voix claire à l’autre bout du fil.

« Rouge », c’est parce que j’étais l’inexplicable occurrence rousse d’une grande lignée de bruns – entre autres anomalies, d’ordre socioculturel celles-là. « Je te préviens : pas de station à moins de dix kilomètres, mais des promenades époustouflantes et un calme olympien…

– C’est parfait », avais-je répondu, soulagée. Une semaine de ski de piste m’aurait mise à sec pour les mois à venir.

C’était Charlus, l’aîné des garçons, et par ailleurs mon cousin préféré (il était d’un tempérament très farceur), qui, par chance, avait décroché. L’enthousiasme qu’il manifesta me réchauffa immédiatement le cœur.

« Ne perds pas une minute de plus. Prends le premier train. Il y a des tonnes de neige, et il fait un temps splendide. »

Deux heures et demie plus tard, appuyée à la vitre du train Corail, je savourais le passage d’une géographie à l’autre – vers la montagne, assurément. Ah ! Charlus ! Avec lui tout était toujours simple. Et gai. Il se faisait une joie de me présenter sa fiancée.

« Cette fois-ci, c’est la bonne, m’avait-il affirmé au téléphone. Enfin, je crois, avait-il ajouté, sans que j’aie pourtant fait aucun commentaire. D’ailleurs elle s’appelle Victoire. C’est un signe, non ? »

Yeux d’un bleu sec, chevelure auburn tirant artistiquement sur un blond vénitien chic et parfait : à la bise autoritaire dont ladite Victoire me salua sur le seuil du chalet, un balai à la main, je sentis qu’effectivement, cette fois c’était du sérieux. De manière générale, elle accompagnait mon cousin dans chacun de ses mouvements, visiblement très amoureuse. Ils me chorégraphièrent donc un étonnant tour du chalet à quatre bras et deux voix, insistant l’un sur la bonne humeur obligatoire, l’autre sur l’effort collectif de propreté, et finalement me montrèrent ma chambre, minuscule mais charmante, toute boisée sous le toit en pente. « La chambre des vieilles filles », se moqua Charlus, désignant du menton le crucifix de bois au mur. Comme je lui offrais une moue consternée, il ajouta : « Si tu préfères, je t’entasse avec les jeunes au dortoir. »

Je posai ma valise en souriant : « Je préfère encore la compagnie de Jésus.

– C’est tout toi, Péril rouge : Dieu plutôt que le diable. »

Cette fois quand même je dus rire. « Où sont-ils d’ailleurs, tes diables de frères et tes enquiquineuses de sœurs ? »

Comme s’ils m’avaient entendue et préféraient me répondre eux-mêmes plutôt que laisser leur frère le faire à leur place, Françoise, Alexis, Virginie, Jean-Baptiste et Clément débarquèrent à cet instant des pistes, ivres de cimes et de fatigue, dans le fracas des chaussures et des bâtons qu’on laisse tomber au sol sans égards, à bout de force. Je ne sais pas si Victoire avait déjà passé son coup de balai mais le salon, tantôt propre et rangé, d’un coup fut inondé de neige fondante, de chaussettes fumantes, de crème solaire transpirée. Pendant une heure, le temps d’un gargantuesque goûter chocolaté, il ne fut pas question d’autre chose que de « la Maudasse », des « Selles », du « Grand Frou » et du « Petit Som », de « noire », de « rouge », de « bosses », de « chute », de « tire-mes-fesses », étouffés entre deux fous rires. Pour quiconque n’avait passé l’après-midi avec eux il était impossible de rien comprendre, juste que la journée avait été bonne.

C’est au dîner que la conversation, tout en restant bon enfant, prit un tour plus mondain et que Paul K. entra pour de bon dans mon existence.

Tout commença par cette blague d’initiés au sujet d’un « autochtone gymnosophiste » qui nous laissa, Victoire et moi, sur le banc de touche. Je ne me souviens pas de la teneur de la plaisanterie, juste de l’hilarité qu’elle provoqua parmi mes cousins, et du sentiment confus que ce nom, Paul K., m’était familier.

Un nom qui, comme tant d’autres, avait été effacé depuis longtemps de ma mémoire, faute d’espace ou d’intérêt partagé. Et pourtant, il avait suffi qu’il soit prononcé une seule fois, au détour d’un dialogue anodin, dans un endroit qui ne m’était même pas familier, pour qu’il se mette à palpiter devant moi, étrangement vivant malgré l’oubli et malgré la neige qui tombait dehors, étouffant les cris et les échos. Il palpitait, comme un petit oiseau qu’on aurait dit mort de froid sur le bord d’un chemin glacé, mais qui reviendrait à la vie par la simple grâce d’une pression de notre main. Et qu’alors on ne pourrait plus lâcher. La discussion était déjà repartie sur le mariage désastreux d’une cousine éloignée mais je coupai Virginie pour poser la question. Paul K., qui était-ce ?

L'auteur:

Noémie de Lapparent est née en 1973. Après des études littéraires, elle intègre l’école de la Fémis. Sa formation de scénariste l’a conduite à collaborer à de nombreux films. Bons baisers de la montagne est son premier roman.

Publicité
Commentaires
P
@ l'or, je pense qu'il pourrait te plaire effectivement, toi qui aime bien les ambiances neigeuses, tu seras servie.;; il se lit très vite aussi,ne passe pas à côté.
L
ça l'air sympa quand même, je me laisserais bien tenter moi... Je le lirais peut-être... Mais après tous ceux que j'ai déjà sélectionner pour ma rentrée...
P
non pas du tout compliqué, au contraire, c'est simple, clair mais il manque à mon goût un peu de consistance... matière à ...
A
Ca m'a l'air un peu compliqué, non ? Où alors j'ai encore les neurones en vacances....
Archives
Publicité
Mot à mot
Publicité