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2 septembre 2010

Trois chevaux – Erri De Luca

"Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres."

Trois chevaux

Le narrateur, Italien émigré en Argentine par amour, retourne au pays. En Argentine, sa femme a payé de sa vie leur combat contre la dictature militaire. Lui, le rescapé, a appris que la vie d'un homme durait autant que celle de trois chevaux. Il a déjà enterré le premier, en quittant l'Argentine. Il travaille comme jardinier et mène une vie solitaire lorsqu'il rencontre Làila. Il prend alors conscience que sa deuxième vie touche aussi à sa fin, et que le temps des adieux est révolu pour lui.
Récit dépouillé à l'extrême, Trois chevaux évoque la dictature argentine, la guerre des Malouines, l'Italie d'aujourd'hui. Puis, à travers une narration à l'émotion toujours maîtrisée, où les gestes les plus simples sont décrits comme des rituels sacrés, et où le passé et le présent sont étroitement imbriqués, pose la question des choix existentiels que nous sommes amenés à faire et interroge la notion de destin.


Autre lecture de mes vacances, contrairement à Soie, ce petit livre Trois chevaux, m’a laissée toute en admiration… le pourquoi sans doute je n’ai pas su aimer Soie après une telle poésie avec ce livre ici présent.

Une fois encore, je me suis laissée bercer par le charme de cette histoire particulière, teintée d'une certaine poésie. Un livre toute en couleur, aux parfums aromatiques, saupoudrée de pollen, ce texte humble et sensible nous porte d'un pays à un autre, d'une histoire à une autre toute en rondeur et chaleur. La narration est particulière mais intéressante. Un homme qui parle des livres, des arbres avec toute la passion qui l'accompagne. Il nous conte des brides de sa vie,comme un chant qui résonnerait entre le présent et le passé, tantôt il fait allusion à la guerre, tantôt aux femmes de sa vie, et puis son présent qui se conjugue entre son activité de jardinier, sa nouvelle passion, Làila.

Ce livre se lit comme un conte, il est un de ces livres qu'on s'obstine à classer en roman, mais ils sont tout à fait particuliers, sans genre ni étiquette, ils sont uniques de par leur structure, telle une œuvre d'art qui s'admire et dont nous ne verrons nulle part ailleurs, puisque son essence est d'être unique, cet ensemble bâti ainsi, aux ornements poétiques, prend une allure de légende que nous conterait l'auteur…

Les pages glissent au fil des mots, l'histoire ne s'impose pas mais se devine au gré des souvenirs, le tout nous offre une lecture sublime, nous laissant un peu au dépourvu quand la fin déjà se précipite sous nos doigts. J'ai beaucoup aimé ce livre et je suis tout à fait conquise par l'auteur dont je ne demande qu'à découvrir un peu plus.

Morceaux choisis parmi tant d'autres relevés, un livre papillon :

page 102: Elle dit qu'elle ne connaît personne qui parle du passé au présent. Que m'importe les girandoles des verbes. Je ne suis pas le patron du temps, je suis son âne. C'est bon pour les écrivains le passé et son « il était une fois ». Et le futur est commode pour les devins qui s'enrichissent avec les pronostics. Moi je connais les vies qui durent un jour. Arriver jusqu'à la nuit, c'est déjà mourir vieux. Pour le futur, les verbes sont inutiles, il lui faut des noms. Le mine se trouve dans le mot gouttière qui recueille un puits que je ne connais pas l'eau de pluie d'une île de sécheresse. »

Page 44 : Il y a des créatures destinées les unes aux autres qui n'arrivent jamais à se rencontrer et qui se résignent à aimer une autre personne pour raccommoder l'absence. Elles sont sages. »

Page 37 : «  nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. Moi, il suffit de lire ton visages, dit-elle. Quelle page préfères-tu ? La dernières, la nuque avec les rides parallèles de mon père. Il y a des hommes, dit-elle, qui racontent des choses intimes après avoir bu. Toi, en revanche, tu es de ceux qui lâchent quelque chose au bord du sommeil ».

Page 21 : « Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre, et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches. Le moteur qui pousse la lymphe vers le haut dans les arbres, c'est la beauté, car seule la beauté dans la nature s'oppose à la gravité. Sans beauté l'arbre ne veut pas. C'est pourquoi je m'arrête à un endroit du champ et je lui demande : « ici tu veux ? » Je n'attends pas de réponse, de signe dans la main qui tient son tronc, mais j'aime dire un mot à l'arbre. Lui sent les bords, les horizons et cherche l'endroit exact pour pousser. Un arbre écoute les comètes, les planètes, les amas et les essaims. Il sent les tempêtes sur les soleil et les cigales sur lui avec une attention de veilleur. Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait. »

Un livre magistral et sublime que je vous recommande

je pense lire tous ses livres à commencer par ceux disponible en biblio : Montedio et Un nuage comme tapis…

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Commentaires
P
@ Clara, de même, et je compte bien découvrir les autres titres de cet auteur
C
Un énorme coup de coeur pouur ce chef d'oeuvre!
P
@ Denis, tout à fait d'accord avec toi, une lacune se comble , ne pas l'oublier
D
un auteur qui mérite le Nobel et que je n'ai pas encore lu, grosse lacune
S
@ l'or, c'était une lecture de mes vacances, je suis aussi dans la rentrée littéraire qui est si vaste et riche, on a de quoi faire et se perdre dans nos lectures, pourtant je lis aussi d'autres choses en parallèle ... <br /> <br /> pour la rentrée scolaire pas de changement cette année ça sera pour l'année prochaine... la petite est rentrée au Cm2 donc l'an prochain 6 et la grande est rentrée en TErminale l'an prochain si bac, poursuite des études mais où une grande question... <br /> <br /> bonne lecture à toi, et bon week end, bisous
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