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26 février 2011

Du côté de chez Swann de Marcel Proust

A La Recherche Du Temps Perdu Tome 1 : Du Côté De Chez Swann - Edition En Gros Caractères de Marcel Proust - Livre

Premier volume de la Recherche du temps perdu , entreprise littéraire unique dans notre histoire, Du côté de i chez Swann est un chef-d'oeuvre absolu où Proust attache définitivement son lecteur aux arbres de sa forêt intérieure. Combray, entre sensation et mémoire, ouvre la chambre d'enfant du narrateur, au moment si désiré du bonsoir de sa mère, et évoque les jardins fleuris et grisés des campagnes précieuses de notre enfance. ... Ici, nous ne nous bornons pas à l'aspect extérieur des choses ; de gré ou de force, nous entrons dans le cerveau et dans le coeur, et dans le corps de cet homme ; un guide impassible nous conduit et nous force à regarder, à lire chaque pensée, à vivre chaque émotion, depuis la joie de donner du bonheur jusqu'à la douleur de la jalousie. Un livre libre et fécond comme un départ pour la promenade, et la si violente et lumineuse projection d'une intelligence et d'une sensibilité...

***

Sans vous exposer un billet détaillé, sans vous résumer cette oeuvre, je vous expose quelques ressentis et extraits.

Cette année j’ai entrepris de lire des auteurs tel que Proust et tout particulièrement cette oeuvre “ A la recherche du temps perdu”, vu le nombre de pages, j’ai opté pour le premier volet “Du côté de chez Swann” pour cette édition en grand caractère de la bibliothèque plutôt que le pavé en caractère minuscule. Plus agréable à lire et surtout moins décourageant.

J’ai fini le tome 1 qui comporte la première partie et le début de la deuxième.

J’avais lu Proust du moins abordé, il y a bien longtemps,  sans vraiment m’y plonger ni apprécié, tout en gardant cette sensation que je devrais y retourner un jour ou l’autre.

Au rendez-vous, une plume très ciselée, à la façon de Virginia Woolf, bien que celle de Proust est moins poétique mais plus abordable. Ce qui m’a frappé le plus durant cette lecture : les longues très longues phrases ! Quel talent de pouvoir rester clair et précis, sans alourdir le tout en une si longue tirade. De nos jours les auteurs ont tendance à hacher leur style, reflet sans doute de notre société où tout doit être bref et succinct.

J’ai rencontré un personnage attentif, émotif, et sensible, les passages avec le baiser du soir de sa maman est déchirant. Cet enfant qui n’attend que cette minute de recevoir le baiser du soir de sa maman, reste pour moi l’exemple même de sa profonde solitude et son grand besoin de tendresse et d’amour. D’une anecdote il en fait toute une peinture durant des pages, donnant cette profondeur aux sentiments et le début d’un cheminement du personnage qui se dévoile corps et âme.

“Aussi je me promettais, dans la salle à manger, pendant qu’on commencerait à dîner et que je sentirais approcher l’heure, de faire d’avance de ce baiser qui serait si court et furtif, tout ce que j’en pouvais faire seul, de choisir avec mon regard la place de la joue que j’embrasserais, de préparer ma pensée pour pouvoir grâce à ce commencement mental de baiser consacrer toute la minute que m’accorderait maman à sentir sa joue contre mes lèvres, comme un peintre qui ne peut obtenir que de courtes séances de pose, prépares sa palette, et a fait d’avance de souvenir, d’après ses notes, tout ce pourquoi il pouvait à la rigueur se passer de la présence du modèle.”

Marcel apparaît comme un enfant triste qu’on confine dans sa chambre , refuge de tant d’heures de lecture; alors qu’il n’attend qu’un peu plus d’attention et d’amour, de présence de sa maman tellement normal à son jeune âge . On ressent si fort cette déchirure au fond de son coeur, ce manque et cette douleur de devoir se contenter que d’un tout petit baiser et encore pas tous les soirs du fait des invités tel que Swann.

“ Il y a bien longtemps aussi que mon père a cessé de pouvoir dire à maman :”va avec le petit.”La possibilité de telles heures ne renaîtra jamais pour moi. Mais depuis peu de temps, je recommence à très bien percevoir si je prête l’oreille, les sanglots que j’eus la force de contenir devant mon père et qui n’éclatèrent que quand je me retrouvai seul avec maman. En réalité ils n’ont jamais cesse ; et c’est seulement parce que la vie se tait maintenant davantage autour de moi que je les entends de nouveau, comme ces cloches de couvents que couvrent si bien les bruits de la ville pendant le jour qu’on les croirait arrêtées mais qui se remettent à sonner dans le silence du soir.”

Je souligne que j’ai aucune connaissance de Proust, hormis ce dont on peut entendre sur les bancs du lycée. Durant ma lecture j’ai apposé des post-it comme à mon habitude mais j’ai du cesser, tant il y a de si beaux passages ou des réflexions enrichissantes et intéressantes.

C’est donc à mon humble avis, un ouvrage complexe si on prend la peine de creuser chaque pensée, mais pourtant ce livre reste une lecture plaisante, agréable où les lieux, les sensations, les sentiments sont très finement exposés au lecteur. Sans pourtant effrayer ceux qui fuient ce genre d’auteur. D’ailleurs je suis moi-même surprise par la facilité dont j’ai lu ce livre certes à petite vitesse, mais j’ai gardé un bon rythme de croisière sans grand chaos, si ce n’est parfois cet essoufflement à lire de si longues phrases.

J’ai adoré les descriptions et tout cette ambiance qu' il a su si bien nous offrir, et également les portraits des personnages même si ils ne sont pas tous attachants.

“Chambre d’été où l’on aime être uni à la nuit tiède, où le clair de lune appuyé aux volets entrouverts, jette jusqu’ua pied du lit son échelle enchantée, où on dort presque en plein air, comme la mésange balancée par la brise à la pointe d’un rayon.”

Les échos du passé me semblent parfois toujours d’actualité, alors que la presse nous inonde d’atrocités ou de banalités pourquoi pas nous offrir des pensées qui méritent de s’y arrêter, qui donnent du plaisir.

“Ce que je reproche aux journaux c’est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il  a des choses essentielles. Du moment que nous déchirons fiévreusement chaque matin la bande du journal, alors on devrait changer les choses et mettre dans le journal, moi je ne sais pas, les …Pensées de Pascal !”

Et puis, il n’y a pas de Marcel Proust sans madeleine, voici donc ce passage : “Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de ma faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusais d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillérée de thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant m^me où la gorgée mêlée des miettes de gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux n’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. j’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi.”

Voilà l’exemple qui est loin d’être unique dans ce premier tome qui donne à la fois le plaisir de lire par l’extrême géni qu’il nous a de nous offrir : la beauté de la plume, et des réflexions philosophiques tout en nous contant son existence.

J’ai beaucoup aimé également, les longues balades en sa compagnie, avec le charme qu’elles dégagent comme une réelle impression d’être modelé dans le décor. 

 

“Il y a dans les nuages ce soir des violets et des bleus bien beaux, n’est-ce-pas, mon compagnon, dit-il à mon père, un bleu surtout plus floral qu’aérien, un bleu de cinéraire, qui surprend dans le ciel. Et ce petit nuage rose n’a-t-il pas aussi un teint de fleur, d’œillet ou d’hydrangea ? Il n’y a guère que dans la Manche, entre Normandie et Bretagne, que j’ai pu faire de plus riches observation sur cette sorte de règne végétal de l’atmosphère. Là-bas, près de Balbec, près de ces lieux sauvages, il y a une petite baie d’une douceur charmante où le coucher de soleil de pays d’Auge, le coucher de soleil rouge et or que je suis  loin de dédaigner, d’ailleurs, est sans caractère, insignifiant ; mais dans cette atmosphère humide et douce s’épanouissent le soir en quelques instants de ces bouquets célestes, bleus et roses, qui sont incomparables et qui mettent souvent des heures à se faner. D’autres s’effeuillent tout de suite et c’est alors plus beau encore de voir le ciel entier que jonche la dispersion d’innombrables pétales soufrés ou roses.  Dans cette baie, dite d’opale, les plages d’or semblent plus douces encore pour être attachées comme de blondes Andromèdes à ces terribles rochers des côtes voisines, à ce rivage funèbre, fameux par tant de naufrages, où tous les hivers bien des barque trépassent au péril de la mer.”

“Nous rentrions toujours de bonne heure de nos promenades pour pouvoir faire une visite à ma tante Léonie avant le dîner. Au commencement de la saison, où le jour finit tôt, quand nous arrivions rue du Saint-Esprit, il y avait encore un reflet du couchant sur les vitres de la maison et un bandeau de pourpre au fond des bois du Calvaire, qui se reflétait plus loin dan l’étang, rougeur qui, accompagnée souvent d’un froid assez vif, s’associait dans mon esprit à la rougeur du feu au-dessus duquel rôtissait le poulet qui ferait succéder pour moi au plaisir poétique donné par la promenade, le plaisir de la gourmandise, de la chaleur et du repos. “

 

Sans vous détailler ce premier volet, combien je sais que vous lecteurs avaient déjà foulé la terre de Marcel Proust, je vous souffle que je suis moi-même conquise, et que je continuerai mon expédition très prochainement pour clore cette première partie de l’aventure “du côté de chez Swann”.

 

Tout en me documentant sur Proust, j’ai découvert qu’il existe un prix “La Madeleine” et c’est avec bonheur que j’y ai appris que Paul Vacca dont j’avais adoré son livre “ La petit cloche au son grêle” s’est vu décerné le prix de la Madeleine d’or en 2009 pour ce premier roman. Pour en savoir plus c’est ici.


Une lecture qui rejoint tout naturellement mon anti-challenge que je respecte de plus en plus après Colette, Proust et bientôt une autre auteure tout aussi merveilleuse.

logo antichallenge


Puis après une bonne lecture, un peu de gourmandise c’est toujours appréciable, pas de Proust sans madeleine vous disais-je, voici donc la recette cliquez sur la photo, à vos fourneaux.

 

 

madeleine

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Commentaires
P
@ Keisha, je n'ai pas adhéré dans ma jeunesse, mais là je suis bien dedans , un vrai bain de plaisir, je crois qu'il faut choisir le moment opportun pour aborder ce genre d'auteur particulier. Pour la lecture estivale de Proust, je me joindrai à vous mais il faudra me prendre à mon marque page, en mars je pense avoir fini du côté de chez swann, et je poursuivrai ma balade à petit pas... Bravo pour ton parcours, je ne sais pas si je pourrais lire trois fois les même livres, relire un livre avec un grand espace temps oui j'aime mais toute la série, tu es très mordue... <br /> <br /> @ Alex, recette parfaite, je l'ai testée dimanche, madeleines réusssies ! délicieuses ! et pour gagner du temps j'ai mis tous les ingrédients dans ma MP j'ai gagné une heure de levée, et obtenu 32 madeleines au lieu de 20 comme annoncé dans la recette...
A
Merci pour la recette des madeleines....
K
Czapski, l'auteur de Proust contre la déchéance avouait avoir décroché en première tentative de lecture, il ne faut donc pas abandonner trop vite. j'ai eu la même expérience avec Woolf, le deuxième essai fut le bon.<br /> Je ne connais pas le rythme de lecture, avec Proust il faut garder sa liberté et son rythme!En fait je veux juste "encourager" les nouveaux lecteurs en faisant le parcours avec eux. parcours que j'ai déjà accompli près de trois fois...
P
@ Anne, merci, ce n'est pas facile de parler de Proust, tu peux te lancer sans hésitation. <br /> <br /> @ Aifelle, j'ai lu ton article bien tentant. Pour les longues phrases, on finit par s'y habituer. <br /> <br /> @ nathalie, merci et ce dimanche je me lance dans la confection des madeleines, moules acheter hier, recette imprimée, il n'y a plus qu'à ! un vrai régal de le lire, on verra pour les madeleines si elles sont si charmeuses que les petite madeleines de chez Prout ! <br /> <br /> @ keisha, j'ai lu l'article d'Aifelle, je veux bien me joindre à vous, mais j'ignore votre organisation de lecture, du fait que j'ai débuté où en serai-je à l'été ? je pense que Proust est revenu par le biais de Woolf, qui l'aimait tant, Proust m'a semblé bien plus abordable qu'elle, mais autant de plaisir à le lire, j'aime beaucoup ce genre de littérature de qualité où chaque phrase est un joyau. un véritable régal. Pour l'essai, je pense le découvrir un peu plus tard quand j'aurai avancé dans mes lectures de Proust. Je l'ai noté. <br /> <br /> @sophie57 : je pense qu'il est plus recommandable à nos âges, la jeunesse n'est guère attirée par ce genre de littérature hormis quelques mordus et intellectuels bien matures. Et puis , là on redécouvre autrement avec plus de temps et de plaisir, je pense que chaque lecture doit être la bienvenue, être lue au bon moment. tu peux toujours retentée un premier volet et tu verras très vite si tu es prête ou pas pour Proust.
S
je suis comme toi Pascale moi aussi j'ai essayé de lire Proust dans ma "jeunesse",sans vraiment accrocher, et ton billet m'a vraiment donné envie de réessayer, peut-être cet été, au calme, tranquille...
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