Dimanche poétique en balade avec Philippe Delerm
Photos du Parc du château de Miserey
La promenade du dimanche
C’est toujours un privilège de pénétrer dans un domaine privé. Même si, cette année, une cinquantaine de jardins haut normands “ouvrent leurs portes” jusqu’à l’automne, quelques-uns d’entre eux, encours de rénovation, ne se sont offerts au public que lors des dimanches de juin. Le plaisir n’en fut que plus précieux de déguster ainsi, en petit comité, une balade raffinée, une balade du dimanche, un rien cérémonieuse et parfumée.
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Oserai-je dire que j’ai vu se dessiner dans le mien la forme improbable et miraculeuse de deux grappes de chasselas – oui, deux beaux raisins de trois centimètres de longueur au moins ? C’est pour ce genre de révélations qu’il est bon de sortir le matin dans son jardin. Le soir, surtout, c’est délicieux ; on s’attable pour jouer sous le pommier, et puis, tout doucement, on voit moins bien, l’odeur du chèvrefeuille monte et l’on est bien, demain il y a tant à faire, mais à présent tout à fait rien ; c’est beaucoup mieux que des vacances.
S’en viennent les dimanches. Les dimanches de juin n’ont pas cette démarcation des dimanches d’hiver entre le matin gai, l’après-midi de presque ennui, de vide et de mélancolie. Non, la journée reste d’une sérénité légère, d’un calme étale sous le ciel bleu et mat.
En Normandie, cette clémence inhabituelle du ciel est là pour faire chanter tous les verts. Comme il nous manque, dès qu’on s’éloigne vers le sud, ou même la côte bretonne, ce vert normand qui donne à tous les parcs et les jardins une petite touche britannique avec en plus une molle douceur, une onctuosité…
Extrait “Les chemins nous inventent” de Philippe Delerm
Ce livre sera bientôt en ligne pour un billet plus détaillé…
Pour lire les poètes du dimanche rdv ici Bookworm