Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma
Allah n'est pas obligé. «M'appelle Birahima. J'aurais pu être un gosse comme les autres (dix ou douze ans, ça dépend). Un sale gosse ni meilleur ni pire que tous les sales gosses du monde si j'étais né ailleurs que dans un foutu pays d'Afrique. Mais mon père est mort. Et ma mère, qui marchait sur les fesses, elle est morte aussi. Alors je suis parti à la recherche de ma tante Mahan, ma tutrice. C'est Yacouba qui m'accompagne. Yacouba, le féticheur, le multiplicateur de billets, le bandit boiteux. Comme on n'a pas de chance, on doit chercher partout, partout dans le Liberia et la Sierra Leone de la guerre tribale. Comme on n'a pas de sous, on doit s'embaucher, Yacouba comme grigriman féticheur musulman et moi comme enfant-soldat. De camp retranché en ville investie, de bande en bande de bandits de grand chemin, j'ai tué pas mal de gens avec mon kalachnikov. C'est facile. On appuie et ça fait tralala. Je ne sais pas si je me suis amusé. Je sais que j'ai eu beaucoup mal parce que beaucoup de mes copains enfants-soldats sont morts. Mais Allah n'est pas obligé d'être juste avec toutes les choses qu'il a créées ici-bas.» Après En attendant le vote des bêtes sauvages (Livre Inter 1999), satire des dictatures africaines, Ahmadou Kourouma nous livre un récit picaresque et drolatique - et d'autant plus terrifiant - sur une époque de massacres dont les enfants sont les tristes héros.
***
Bien que l’histoire évoque la triste Afrique en guerre perpétuelle, et le tragique destin des enfants soldats, et malgré le ton humouristique donné par la voix de Birahima, j’ai eu vraiment du mal d’apprécier ce récit. Trop de sang, d’armes, de politique à laquelle je n’ai pas adhéré, beaucoup de passages que j’ai lu en diagonale car je n’en ai éprouvé aucun intérêt ni goût. Tout est personnel dans ce ressenti et je ne mets aucunement en cause la qualité de l’ouvrage, je pensais justement m’intéresser à cette partie de l’humanité trop peu dévoilée au grand jour, mais j’avoue que je n’ai pas trouvé de "plaisir" à lire ces faits.
Je crois qu’il faudrait lire ce livre plus comme un témoignage de cette partie du monde et de l’histoire sans chercher à trouver le plaisir de lire; d’ailleurs j’ai fini le livre justement pour cette raison première.
Déception de lecture mais appréciation d’avoir lu ce témoignage romancé certes, mais terrifiant. Frustration ne pas avoir su aborder ce roman d’une façon qui aurait fait la différence, car je ressens malgré tout la richesse de ce livre à nous livrer ce récit.