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4 mai 2011

Le roman de l’été de Nicolas Fargues

C'est le début des vacances d'été dans le Cotentin. Après une vie d'échecs divers, John, 55 ans, voudrait se mettre à la littérature. Mary, sa fille, lui annonce son arrivée prochaine, avec son compagnon et une nouvelle amie italienne. Jean, lui, est sur le point de partir en retraite de son emploi de soudeur de coques de sous-marins à la DCN de Cherbourg. Il est marié à Claudine. Ils ont un fils, Frédéric, employé à la SOREDA, l'usine de retraitement de déchets nucléaires de la région. Le rêve de Jean : percer une ouverture dans le mur de sa maison pour voir la mer. Seulement, le bâtiment étant construit en bordure du terrain de John, il faudrait l'accord de ce dernier. Chassés-croisés entre les deux familles sur fond de petites manœuvres politiques du député-maire du village. Malentendus, quiproquos, instrumentalisation des uns par les autres, incommunicabilité intrafamiliale et interculturelle, amours déçus. Sur le ton de la comédie de mœurs, Nicolas Fargues s'est attaché, comme dans tous ses livres précédents, à faire tomber les masques. Pour dire en riant, que, malgré les liens qui nous unissent les uns aux autres, nous sommes et resteront toujours tous seuls au monde. Pour également brosser un tableau de la société française contemporaine à la fois incisif, précis, ample et sans appel.

***

 

Petite déception pour cette lecture, je m’attendais à tout autre chose, c’est souvent ainsi quand on ouvre un livre croyant se plonger dans un univers et au final on se trouve à patauger dans un monde complètement autre.

Selon le titre et un article lu dans la presse flatteur, ni une ni deux, ce titre était pour moi. Le monde du “roman” et de surcroît dans une ambiance estivale, l’univers de l’écriture tout était rassemblé pour me plaire.

Et bien non !

Cette histoire débute en présentant une ribambelle de personnages, déjà j’ai eu du mal à m’acclimater, et seulement à la page 63, on commence à entrevoir l’horizon tant souhaité : “Pas un nuage dans le ciel exceptionnellement limpide. Il fit encore quelques pas en direction de la table du jardin, y posa les feuilles et le stylo, alla chercher une chaise un peu plus loin, qu’il disposa bien au milieu de la table, face à l’horizon. Au-devant, quarante mètres carrés de dallage bordé d’herbes folles et d’arbustes, un petit muret de pierres, ainsi qu’un champ vert tendre où paissaient au ralenti quelques vaches. ETC… Me voilà donc bien installée dans le livre mais détrompez-vous, ce n’était qu’un appât pour continuer la lecture.

Je me suis posée la question : est-ce que l’auteur a voulu par ce jeu, imbriqué son histoire en transparence de cette volonté de livrer “un roman de l’été” ce genre de bouquin fait pour la plage qui n’a guère d’intérêt au final, dont on a oublié tout car il n’y a rien de consistant.

Ce n’est qu’un étalage de tableaux de personnages ou de situations certes bien décrites et réalistes, mais moi, je ne lis pas pour retrouver ce que l’on voit tous les jours, genre de clichés bien français “ la famille bobo” par exemple,  bref je me suis ennuyée, pourtant je suis allée au bout de ce livre croyant toujours tombée sur une partie qui m’aurait emballée, subjuguée (l’article lu flotté toujours dans mon souvenir)… mais rien !!!

Déçue, aussi car chez P.O.L je suis souvent surprise par leur ligne éditoriale originale sortant des chemins battus.

Seul le personnage de Frédéric aurait mérité plus de place et redonnant un peu de engouement à cette histoire. Là encore, il n’a fait que passer par moments.

Les chapitres sont courts et donnent la parole à tel ou tel personnage, on se retrouve à valser d’un scénario à un autre, avec des sujets croisés au quotidien, ou des faits qui ne tiennent pas la route, ‘genre la fille qui décroche un article dans Elle, par pur hasard’ pas très plausible tout ça et sans intérêt du moins pour moi.

Autant de petites choses qui s’ajoutent au fil du récit sans éclats comme un roman de l’été. Lire ce livre c’est comme sauter à cloche pieds d’une case à une autre à l’image d’une marelle, sans grande jubilation, pour arriver à la fin “case ciel” mais sûrement pas au 7ème ciel.

Le seul mérite, on apprécie parfois les tableaux acides que l’auteur sait bien dépeindre, en voilà un sur Facebook page 135 :

- Facebook ? répéta John avec cet accent américain naturel qui déconcertait toujours ses interlocuteurs français, tant son français était tout aussi pur et désaccentué.

- Ouais. Tu connais ça, quand même !

- Je vois très bien ce que c’est, Mary n’arrête pas d’essayer de me convaincre qu’il faut absooolument que je sois sur Facebook. Mais c’est pas pour moi, ce genre de trucs. C’est plus de mon âge.

- Comment ça, plus de ton âge , s’offusqua Bénédicte, qui se sentait également visée. Parce qu’il y a un âge, maintenant, pour avoir des amis ?

- Amis mon cul, maugréa froidement John.

Vertige existentialo-narcissique, oui. Tu sais comme moi que c’est pour baiser qu’on s’inscrit sur Facebook. C’est un Meetic qui dit pas son nom, point. Un Meetic pudique et faux cul. Et puis, la culture Regardez comme je suis sociable : j’ai 357 amis, cette indécence à se mettre en scène, à prendre des poses de magazines de mode sur les phots de soi, à tenir au courant le monde entier qu’on vient d’aller piscine, à étaler des goûts artistiques faussement audacieux, à pointer sur une carte du monde tous les lieux qu’on a visités, toute cette niaise dictature du parfait citadin-citoyen du monde,je suis peut-être vieux jeu, mais non merci, quelle comédie. Rien à foutre, des amis. Ma solitude, moi, je préfère l’assumer seul. Tu connais la chanson, hein ? “On vit les uns avec les autres / on se caresse / on se cajole / on se comprend / on se console / mais au bout du compte / on se rend compte / qu’on est toujours tout seul au monde.”

Voilà, un exemple de tableau que l’on peut rencontrer au sein de ce roman, j’avoue que l’auteur ne prend pas de pincettes, mais j’ai apprécié sa franchise et son audace à livrer la vérité pure sans artifices, celle-là même qui blesse. 

Malgré cette déception, je tenterai peut-être son dernier roman qui a été remarqué “Tu verras” qui me semble beaucoup plus à la hauteur de cet auteur.

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Commentaires
P
@madame de K, venant des blogs langue de bois je ne pense pas, une histoire de goût mais venant des officiels pour ne pas dire des officieux, je dirai woaui, langue de bois ! un petit protégé peut-être !! qui sait...
M
moi aussi j'ai été déçu par ce livre ! je suis contente que je ne suis pas la seule ! les critiques sont plutôt favorables... langue de bois ? ;-)
P
@chic choc charme, pour moi ce fut une demie déception ! je m'attendais à mieux, même beaucoup mieux... les goûts ne se discutent pas; ton blog est très joli...
C
Je suis au tout début et pour le moment j'adooore ! bon en même temps je n'avais pas lu de critiques avant ...
P
@ manu, je vais tenter "tu verras" et je verrais si c'est l'auteur ou l'histoire qui a fait que je n'ai pas accroché.
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