Eloge de la faiblesse d’Alexandre Jollien
Cliquez sur l’image vous êtes chez Alexandre Jollien
un grand merci à Théoma pour cette superbe découverte , j’ai adoré du début jusqu’à la fin…
Un essai philosophique abordable pour les novices de mon espèce… le fait d’avoir choisi le dialogue sous forme de question-réponse et aussi de récit avec exemple à l’appui permet au lecteur de comprendre facilement tout le développement de la pensée philosophique…
bon j’avoue j’aime la philosophie mais quand même je n’ai fait qu’une année en terminale d’ailleurs je ne sais pas pourquoi l’éducation nationale n’a jamais compris que la philosophie devrait être enseignée bien avant, elle devient lumière pour certains, source d’apaisement pour d’autres, comprehension de notre existence, réponse à nos interrogations… mais non, on se contente de flanquer une à deux heures de philo en phase terminale dans tous les sens du terme histoire de dire “ben voilà vous êtes contents, vous l’avez votre philo au programme” ! pitié que cette éducation française à la noix !
" Le livre d'Alexandre Jollien m'est infiniment précieux parce qu'il apporte un témoignage vivant, sincère et authentique de cette conviction ancienne (puisque aristotélicienne) mais toujours menacée que l'homme est capable d'être, que l'homme est l'ami de l'homme. "
Ruedi Imbach
Je vous mets la préface que vous trouverez aussi en cliquant sur l’image mais ça vous donnera un résumé :
Préface
A plus d'un titre, l'ouvrage que le lecteur tient en main est singulier. Ce récit autobiographique, d'une vie singulière, étonnante, relate le cheminement d'Alexandre Jollien, infirme moteur cérébral, qui, en raison de son handicap, était destiné à rouler des cigares et qui se retrouve, au terme d'un long périple, sur les bancs de l'université à étudier la philosophie. Ce qui frappe d'abord le lecteur, c'est, bien entendu, le fait que, grâce à un continuel effort de dépassement de soi, Alexandre Jollien a réussi, "titubant et piéton", à entrer dans l'univers qui, vu de l'institution où il a vécu dix-sept ans, apparaissait comme un "autre monde", celui de la normalité. Très étonnante preuve de la capacité d'adaptation de l'être humain, certes, mais surtout expression de l'obstination inébranlable à "rester debout", à trouver un sens aux expériences de la vie, de la souffrance et de l'effort.
Ce récit est prenant, captivant. Alexandre Jollien refuse toute forme de commisération et de pitié: "Ne pas fuir le handicap", enseigne-t-il. Accepter que "jamais je ne serai normal", affirme-t-il, cela revient à poser la question du sens de la dissemblance. L'auteur, tout en racontant son expérience, parfois difficile et douloureuse mais toujours stimulante, invite de manière insistante à s'interroger sur la distinction entre normal et anormal. Sans proposer de solution lénifiante ou harmonieuse, son propos tend à un questionnement qui renverse ce que nous croyons savoir et qui règle, bien souvent, notre comportement face à ce qui est autre, dissemblable et étranger.
Au delà de mon avis, il y a bien autre chose dans le livre… c’est d’une profondeur et d’une qualité suprême de pouvoir découvrir un essai de cette teneur. C’est plus qu’un essai, c’est un témoignage poignant, écrit simplement mais très juste, clair et précis, émouvant de surcroît, j’ai eu plus d’une fois un sacré remue ménage dans mes tripes sans compter tout le reste. Et comme je le disais à Théoma par mail, j’ai par habitude de mettre des post-it aux pages qui m’ont le plus séduite, mais là le livre avait une allure de mille feuilles jaune, alors me voilà bien en peine à départager quels morceaux je vais mettre en avant tellement le livre regorge de réflexions qui m’ont plu, plu est un mot bien dérisoire face à l’ampleur du sujet…
Un livre que je conseille à tous sans exception : handicapé ou pas, parents d’handicapé ou pas, éducateur surtout ou pas… un livre référence tout simplement …
Ce livre est d’une grande humilité, sagesse évidemment , la philosophie est quand même la science ou tout l’art de la sagesse il me semble, professeur corrigez moi si je me trompe.
Ce qui m’a le plus marqué en fait, c’est ce témoignage de ce garçon handicapé, tout ce qu’il a vécu au centre, le manque cruel de ses parents, mais toute la force qu’il a puisé de sa faiblesse, l’amitié presque vitale avec ses compagnons d’infortune, toute l’énergie déployée pour acquérir un peu d’autonomie, et sa grande humanité à travers son regard, puis son intégration dans le monde des “””normaux”””” , sa volonté de combattre ses a priori, je ne peux pas tout mettre tant le livre est riche et fort … il me faudrait recopier tout mais ce n’est pas le but de mon billet, mais plutôt vous témoigner combien cet essai est excellent, et que je m’en vais le conseiller à mon entourage. Ce témoignage est le premier que je lis et je n’aurai pas imaginé ce côté du combat, j’ai des expériences personnelles au sein de ma famille de ce vécu de l’handicap mais ce récit m’a dévoilé bien des facettes de la vie d’un handicapé qui m’a bouleversée.
Oui, pas de pitié. Une fois de plus, je donne raison à Nietzche. Je crois qu’il voit juste quand il condamne la pitié, l’hypocrisie ou le paraître. Chaque jour , je rencontre ce regard condescendant qui croit me faire plaisir, peut-être sincèrement, mais qui nie ma liberté et nie ipso facto.
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Le soir, je m’interrogeai au plus profond de mon être :”suis-je moins libre que les autres ? Se trouvera-t-il toujours quelqu’un, qui au-delà de sa peur, me rappellera, en tout bonne foi, que je suis handicapé ?”
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L’autre lui apparaissait toujours différent, susceptible détonner, d’émerveiller. Son interlocuteur devenait toujours pour lui une personne avec laquelle il communiquait et souvent communiait. Une fois de plus, la faiblesse, l’incapacité de parler cherchait un chemin pour se dépasser. Adrien rétablissait le dialogue par la médiation non plus de la parole, mais de son être, source de joie.
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non, on peut accumuler les expériences pour fuir la réalité, sans en considérer le sens profond, la signification, les conséquences qu’elles ont sur nous et sur notre entourage. Grâce à la réflexion cependant, chaque événement peut aider à construire, à choisir ce qui nous fait vivre, à choisir sa vie.
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Lutter envers et contre tout : telle était notre maxime, lutter malgré l’immobilisme de certains éducateurs, lutter contre le diagnostic médical, contre le découragement et les railleries des autres enfants qui heurtaient brutalement notre sensibilité.
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D’où mon intérêt pour la philosophie. Je devais m’armer pour combattre toutes les étiquettes que, sans cesse, on nous collait. A ce propos, sur les plan éthique, Sartre, un autre de tes confrères, a beaucoup parlé de réification. La réification consiste à réduire l’autre au rang de chose. Elle réduit l’autre à un attribut, ne voit en lui qu’une qualité ou un défaut, elle le pétrifie en bloquant toute évolution.
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Au centre, nous prenions très vite conscience qu’il n’y a a jamais d’acquis définitifs dans l’existence. Chaque jour, il nous fallait nous remettre à l’ouvrage, résoudre les difficultés, une par une, assumer notre condition, rester debout. voilà notre travail, notre véritable vocation, ce que j’appelle, faute de mieux, le métier d’homme.
La condition humaine m’a toujours étonné, fasciné. Mais, au Centre, la réalité apparaissait parfois difficile à accepter. Le quotidien nous fournissait souvent l’occasion de désespérer de notre condition.
Socrate : Est-ce parce que les misères et les faiblesses de l’homme ressortent plus souvent que sa grandeur et sa force ?
si on peut résumer ce livre si dense de réflexions, ce combat permanent pour être homme parmi les hommes.. c'est trop peu de résumer alors j’ai choisi de mettre la citation d’Aristote du début du livre :
L’étonnement, au début comme aujourd’hui encore, a poussé l’homme à philosopher […] mais qui questionne et s’étonne a le sentiment de l’ignorance […]. Afin donc d’échapper à l’ignorance, les hommes commencèrent à philosopher. Aristote
je conseille à chacun de philosopher sur les différences des uns et des autres afin que chacun puisse avoir sa place au sein de notre société sans être l’objet de l’ignorance de l’autre…
Pour finir je vous conseille de visiter le site de l’auteur ici vous lirez des citations philosophiques j'ai ajouté le lien dans la catégorie auteur afin que vous puissiez vous y plongez de temps à autre .
Encore un grand merci à Théoma je vais approfondir cet auteur en me procurant les autres livres…
je vous conseille aussi le livre de Fournier : où on va papa ? voir le billet sur mon blog,un autre genre mais qui apporte un témoignage de parent d'handicapé