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1 juillet 2011

Quinze kilomètres trois de Martine LAVAL

Quinze kilomètres trois. La distance qui les sépare du Cap Blanc-Nez. Cette échappée, c'est leur secret, aux petites. Ce matin, elles fuient l'ennui des jours, un avenir sans promesse. Elles s'en vont, légères. Dans le paysage à la fois brutal et magnifique de la Côte d'Opale, Martine Laval suit les deux adolescentes, espionne de leur désœuvrement et fait entendre d'autres voix - une prof, un cousin, une voisine. Tous cherchent à comprendre le pacte qui les emmène à la falaise.

***

Un petit livre mais un concentré d’émotions. Dans la banalité des jours,  une bride de conversation de deux adolescentes de 14-15 ans va bientôt bousculer la quiétude d’un petit village.  Deux gamines qui ont choisi leur destin quelque peu abrégé. Le style est superbe et nous emporte dans une déferlante d’interrogation, malgré la tragédie qui se trame, l’auteur a su faire preuve de douceur et de poésie. L’atmosphère est bien posée, tout semble calme et les deux jeunes filles paraissent sans problèmes majeurs :

De ces deux jours d’attente, de fébrilité silencieuse, peu de chose à raconter. On aurait dit des anges. A la table du dimanche soir, en famille, pas d’orage, calme plat, genre famille je vous aime. Idem, le lundi, au collège. Pas de soupirs, par d’insolences. Du velours pur les profs, soulagés. De l’étonnement, peut-être de la déception, pour les vingt-trois filles et garçons de la classe, pas vraiment des copains, des gosses plus avachis que turbulents, surchargés d’ennui. “

Un mardi matin, le jour J du grand saut, elles vont comme  si de rien vers leur destinée :

“Elles marchent. Leur bout du monde est à quinze kilomètres. Virgule trois. J’ai compté. Elles me bluffent. Comment ont-elles fait pour parcourir ces quinze kilomètres trois cents de collines, de bois, de champs à betteraves qui les séparent du village ? Je les imagine. Je les vois marcher. Elles ont opté pour le lent écoulement des choses.”

Dans un style fluide, le lecteur se glisse dans le récit, comme envoûté. Chaque chapitre donne la parole à des personnages différents, la prof, le cousin, une autre fille, une lectrice et le plus superbe : le paysage. Chacun donnant sa perception des choses, son étonnement du fait.

Une lecture époustouflante, qui nous fait frissonner, trembler. Le mal de notre jeunesse, ne pas trouver sa place ni croire à son avenir, et nous les adultes qui sommes là à laisser croire que tout est possible, mais dans la tête de deux jeunes filles, l’impossible est pour elles le choix le plus simple. Pourquoi ? Question qui revient. Pourquoi, à deux, ensemble, pourquoi là et pas ailleurs.

Une histoire qui bouscule , qui nous laisse dans un malaise sans nom, j’ai aimé le style et la construction de ce récit.

Choisir des morceaux, tout le livre y passerait, j’ai adoré cette écriture, j’opte pour  le paysage :

Je suis le ciel. Je flotte sur la lande, sur la mer. J’enlace le paysage. Je protège la fin du monde. J’ai l’humeur changeante, j’aime les déluges, j’aime le calme. On me regarde. On me scrute. On attend de moi la paix. J’annonce l’hiver, jamais le printemps. Je dessine l’horizon et la faille. Je suis la lumière et l’infini. Je suis l’éternité, celle qui passe sans bouger.

 Ecoutez l'auteur présenter son livre

 
Martine Laval - Quinze kilomètres trois

 

 

J’ai lu ce livre dans le cadre du club des lecteurs avec Librairie Dialogues que je remercie pour cet envoi.

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Commentaires
P
@ manu, il est et pourtant très court !
M
Ton avis est vraiment tentateur. Ce livre a l'air fort !
P
@ l'or, j'aurais pu citer tout le livre ! encore du mal à départager tel ou tel extrait ! C'est vrai que beaucoup de perles donnent dans leur écrin, à nos lecteurs et blogueurs de le mettre à la lumière et de les partager ! <br /> comment j'ai eu l'idée de ce livre et bien c'est simple : j'ai été attirée par le titre dans le club des lecteurs de la librairie dialogues du coup je suis allée sur le site et quand j'ai vu la couverture et le résumé, je me suis dit : c'est pour moi. <br /> bonnes vacances, à toi, pour ma part, le temps des vacances scolaires est plus contraignant pour moi je dois gérer et le boulot et les enfants à la maison à occuper, à emmener ici et là, et un peu de centre aéré pour la plus jeune, du mini-camping aussi, je cours d'un point à un autre, le seul soulagement il n'y a plus les satanés devoirs du soir à contrôler et faire réciter ! à quand l'abolition des devoirs, malgré une loi qui remonte à des années, elle semble enterrée à jamais " l'interdiction des devoirs écrits pour les enfants à la maison" faudrait-il le rappeler à chaque rentrée ! et si il n'y avait que cette loi non appliquée, un profond changement radical de tout ce systme éducatif devrait être adopté ! bref, pensons plutôt aux vacances tant méritées de nos enfants ... détente, lecture que je te souhaite bonne et délicieuse.
L
Je l'ai lu le mois dernier mais tu es plus rapide que moi à faire ton billet :0)<br /> Je n'ai pas lu les extraits que tu donnes, on verra si comme d'habitude, nous avons relever les mêmes...<br /> Mais j'en pense la même chose : c'est un petit livre mais du concentré ! Merci à Cathulu, sans elle je n'aurais jamais entendu parler de ce livre, c'est le genre de livres qu'on ne trouve pas sur les présentoirs dans les librairies, ni même dans les magazines. Et c'est dommage, à côté de combien de perles nous passons ainsi ? Et toi, comment as tu eu l'idée de le lire ?<br /> Bises et bon week end Pascale (ouf, c'est les vacances, je me réjouis enfin d'avoir tout le temps que je veux pour lire... j'espère que les enfants liront beaucoup aussi et qu'ils me laisseront un peu tranquille :0)
P
@ mango, je crois bien que oui ! malheureusement<br /> <br /> @ clara, j'attends donc ton avis ! <br /> <br /> @ choco, une histoire qui touche et le style un délice
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