Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi de Malzieu Mathias
Quatrième de couverture
Mathias, un jeune homme d'une trentaine d'années, vient de perdre sa mère. Sur le parking de l'hôpital, il rencontre un géant qui l'aide à accepter de vivre malgré cette disparition et l'invite à un voyage fantastique dans le pays des morts. Cette évasion dans l'imaginaire lui permettra de passer d'un monde enfantin peuplé de super héros rassurants au monde plus cru et cruel des adultes. Dans la lignée d'un Tim Burton ou d'un Lewis Carroll, Mathias Malzieu signe ici un texte unique, à la fois conte d'initiation survolté et roman intimiste bouleversant. Un texte d'une force, d'une drôlerie et d'une poésie universelles, écrit parfois comme on peut crier sa douleur, ou l'envelopper dans le coton de ses rêves. " Il écrit court, irréel, cinglant, doux-amer et souvent absurde, dans la grande tradition des livres pour grands enfants, de Roald Dahl au précieux Tim burton. " Les Inrockuptibles
Mathias Malzieu est le chanteur du groupe Dionysos. Après un recueil de nouvelles très remarqué, 38 mini western (Pimientos, 2oo3), il signe ici son premier roman.
Mon Avis
Après mon coup de coeur pour la Mécanique du coeur, j’ai voulu lire son premier roman ici présent. J’ai retrouvé la même écriture mais en plus acide et un langage peut être plus cru tout à fait justifié par l’histoire même. L’auteur relate la perte de sa mère et tout ce monde qui s’écroule à cet instant, les premiers pas vers ce deuil dont il ne veut, la rencontre du géant l’affabulant d’une ombre bien trop encombrante pour mieux le protéger de toute cette douleur meurtrissante et cuisante. Des mots en goutte d’acide acèrent notre lecture mais le don de conteur de Malzieu adoucit l’ombre noire et lourde par son humour et sa poésie. Entre conte et autobiographie, onirique et réaliste, bouleversant et “drôle”, j’ai succombé une fois de plus à sa plume si particulière.
Un livre à découvrir assurément, un monde particulier sachant nous faire voyager même dans un monde de peine et de chagrin.
Extraits
1- Pour la première fois, je m’emmitoufle dans ma nouvelle ombre. Je sais qu’elle est censée m’aider, mais je ne sais pas comment l’utiliser. Enfin, c’est la mienne, le géant me l’a donnée, elle me fait un peu moins peur que toutes celles qui sillonnent la maison, qui comme des lames se plantent dans les portes. Et dans le lavabo de la salle de bain, et dans le crâne de toute la famille qui s’y lave les dents. Elles font mal comme des coups de soleil sur les yeux. Elles diffusent deux produits très toxiques pour la bande de cœurs troués qui se baladent dans cette maison : d’abord du vide visible et ensuite des souvenirs de vie de toi ici. Les deux cumulés, ça arrache la gueule.
2- Les jours passent, la nuit reste. Maintenant, tu me manques. Des fois c’est tes bras, des fois c’est tes pas dont je crois reconnaître le bruit. La plupart du temps, c’est toi en entier, avec ta voix et tes petites façons d’être ma mère. […]
Je sais que je dois m’entraîner à rêver et me souvenir, ne pas laisser le vide m’enfler la gueule comme une baudruche.
3- Les larmes coulent et les nuages éclaircissent, laissant apparaître des rayons de soleil. Et vas-y que tout le monde pleure au soleil ! Le son des sanglots monte, rythmé par les hoquets interminables. Des arc-en-ciel se forment dans les paupières des gens et chacun se promène avec ses morceaux d’arcs-en-ciel entre les cils.
Musique
Monsters in Love, l’album reflet de ce livre