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8 août 2010

Dimanche poétique avec Arthur Rimbaud

Je suis en vacances mais je vous ai programmé des billets en vidéo, je quitte ma terre ardennaise pour rejoindre la Bretagne un temps, et je vous  laisse en compagnie d’un ardennais ô combien illustre et cher à mon coeur… une petite poésie lue avec beaucoup de talent… bon dimanche à vous …Et à bientôt ….

Les poètes du dimanche : Celsmoon, Edelwe, Mango, Abeille, Emmyne, Chrestomanci, Mariel, Laurence , Ankya, Herisson08, Anjelica , George, Uhbnji , Fleur, Esmeraldae, Armande, Restling, Satya, Zik, Lystig, Amos, Bookworm, Emma, Julien, Marie, Yueyin , Soie , Alex , Hambre , Katell , Mathilde, Schlabaya, Hilde, La plume et la page, Tinusia, Chrys, Roseau, MyrtilleD, Cagire,Caro[line], L'or des chambres, et bien d'autres rdv chez Celsmoon.

Après le Déluge

Aussitôt que l'idée du Déluge se fut rassise,
Un lièvre s'arrêta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes et dit sa prière à l'arc-en-ciel à travers la toile de l'araignée.

     Oh ! les pierres précieuses qui se cachaient, les fleurs qui regardaient déjà.

     Dans la grande rue sale les étals se dressèrent, et l'on tira les barques vers la mer étagée là-haut comme sur les gravures.

     Le sang coula, chez Barbe-Bleue, aux abattoirs, dans les cirques, où le sceau de Dieu blêmit les fenêtres. Le sang et le lait coulèrent.

     Les castors bâtirent. Les "mazagrans" fumèrent dans les estaminets.

     Dans la grande maison de vitres encore ruisselante les enfants en deuil regardèrent les merveilleuses images.

     Une porte claqua, et sur la place du hameau, l'enfant tourna ses bras, compris des girouettes et des coqs des clochers de partout, sous l'éclatante giboulée.

     Madame*** établit un piano dans les Alpes. La messe et les premières communions se célébrèrent aux cent mille autels de la cathédrale.

     Les caravanes partirent. Et le Splendide-Hôtel fut bâti dans le chaos de glaces et de nuit du pôle.
     Depuis lors, la Lune entendit les chacals piaulant par les déserts de thym,  et les églogues en sabots grognant dans le verger. Puis, dans la futaie violette, bourgeonnante, Eucharis me dit que c'était le printemps.

     Sourds, étang, Écume, roule sur le pont, et par dessus les bois; draps noirs et orgues, éclairs et tonnerres montez et roulez; Eaux et tristesses, montez et relevez les Déluges.
     Car depuis qu'ils se sont dissipés, oh les pierres précieuses s'enfouissant, et les fleurs ouvertes ! c'est un ennui ! et la Reine, la Sorcière qui allume sa braise dans le pot de terre, ne voudra jamais nous raconter ce qu'elle sait, et que nous ignorons.

AR - Après le Déluge (Illuminations, 1873-1875)

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Commentaires
B
Rimbaud... que de souvenirs...
A
Bonnes vacances Pascale, j'espère que tu vas trouver le soleil en Bretagne.
M
Très bonne idée cette lecture!
T
Très beau texte que tu nous envoies là, par delà tes bretonnes vacances ! J'espère qu'elles sont paisibles, ensoleillées et revitalisantes.
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