Le monde à ma fenêtre de Cesarina Vighy
D'où vient la voix de Z.? De la chambre, dans laquelle un mal cruel l'a réduite à vivre avec, pour seule consolation, la nichée de merles dans les branches du platane qu'elle observe par la fenêtre et une chatte fidèle et indulgente toujours prête à la réconforter? Ou bien du passé, de la vie pleine et généreuse qu'elle a vécue entre Venise, Padoue et Rome?
Pour mieux affronter la souffrance et l'humiliation que lui impose sa maladie, Z. a en effet décidé de donner la parole aux ombres qui la hantent, de laisser affleurer ses rêves et ses souvenirs : la naissance illégitime de «la petite fille la plus aimée du monde», une enfance sous les bombes, Venise splendide et mesquine, un premier échec sentimental, les années 50 à Rome, un peu vulgaire mais si vivante, l'expérience de la psychanalyse, l'aventure du féminisme… jusqu'au mariage et à la naissance de sa fille.
Un livre poignant, empreint de douleur et de rage, mais aussi un magnifique hymne à la vie, dans lequel la protagoniste fait montre d'une irrésistible vitalité et d'une incroyable ironie pour nous raconter son histoire.
Née à Venise, Cesarina Vighy (1936-2010) s’est installée dans les années 50 à Rome, sa véritable ville d'adoption. Depuis six ans, elle était atteinte d'une maladie neurologique dégénérative que l'écriture de ce premier roman l'a aidée à affronter.
Jérôme Nicolas vit et enseigne à Rome. Il traduit essentiellement des ouvrages historiques et des textes de fiction d'auteurs du XXe siècle, tels Stelio Mattioni, Oddone Camerana, Enzo Striano et Sebastiano Vassalli et, pour Le Seuil, Alessandro Gennari, Beppe Sebaste et Roberto Ferrucci.
Traduit de l'italien par Jérôme Nicolas
Littérature étrangère
Date de publication : 03/02/2011
EAN13 : 9782021019100
***
Je remercie la librairie Dialogues dans le cadre du club des lecteurs pour cette lecture touchante.
La part de son retour sur son passé envahit un peu trop ce roman au détriment de son témoignage sur sa maladie au quotidien, d’où un soupçon ô tout léger de déception quant à mes attentes.
L’écriture de ce roman a été un moyen pour l’auteur d’échapper à sa maladie mais n’aborde pas pleinement tout ce que peut engendrer une maladie chronique et incurable au quotidien. Bien qu’elle aborde sa souffrance, son parcours médical etc… mais le côté psychologique par exemple n’est pas réellement présent.
Du coup, j’ai lu ce roman toujours dans l’attente d’un récit qui n’est pas venu mais ne croyez pas que je fus déçue bien au contraire car j’ai pu cheminer à Rome et Venise, savourez un quotidien italien d’une autre époque, ce fut une lecture découverte dans le sens que j’ai admiré des tableaux colorés parfois difficiles, mais toutefois intéressants.
Il n’est pas inutile de savoir lire entre les lignes pour ressentir malgré tout cette souffrance qui la tenaille, sa vie qui bascule vers l’irrémédiable, vouloir revenir sur son passé comme une issue pour défier le temps.
Quand à la plume, elle est plus qu’agréable, poétique, et sensible. De beaux passages sur des réflexions humaines, ce regard des autres qu’elle veut éviter, son corps qui se défile, ce monde qui bientôt va lui échapper, le regarder uniquement par sa fenêtre, en compagnie de sa chatte. Qui mieux que les animaux restent fidèles et ne font pas de différence quand vous même devenez différent ?
Je dois dire, que ce livre est très touchant, émouvant et mérite d’être lu.
C’était un premier et dernier roman, la maladie a eu raison de cette auteure fort courageuse.
Puisque l’auteure est italienne, j’inscris ce livre au challenge