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16 mars 2011

La secrète mélancolie des marionnettes de Denis Grozdanovitch

 

Quatrième de couverture : ... Nous étions en train de nous échauffer, une fois de plus, sur les mérites comparés de nos auteurs de prédilection, sur nos rejets et nos engouements passagers, lorsqu'elle m'avait demandé à brûle-pourpoint si j'avais toujours l'intention, comme elle avait cru le comprendre, de me lancer dans une entreprise romanesque. - Dans la vie réelle ou sur le plan littéraire? lui avais-je demandé à mon tour en toute mauvaise foi afin de me donner le temps de réfléchir." Répondant à une invitation, le narrateur se rend dans une résidence d'écrivains située près de Florence. Une aristocrate italienne règne sur cette communauté très cosmopolite, agitée par les manies de ses pensionnaires. Ce voyage, ce séjour ne sont que le prétexte d'une série de rencontres qui lui permettront - du moins l'espère-t-il - de combler l'inaccompli de son existence. Mais le sens véritable de sa quête ne lui apparaîtra qu'au terme de son périple, lorsque son chemin croise à nouveau celui d'une femme qu'il croyait à jamais perdue. Dans La Secrète Mélancolie des marionnettes, les débats d'idées se mêlent aux jeux de séduction auxquels se livrent les protagonistes. Avec ce récit élégant, au charme intemporel, Denis Grozdanovitch montre qu'il sait manier l'ironie avec brio.

Denis Grozdanovitch est né en 1946, à Paris. Il a été sportif professionnel : tennis, squash et jeu de paume. Il a notamment publié Le Petit Grozda, Rêveurs et Nageurs, Petit Traité de désinvolture, Brefs aperçus sur l’éternel féminin et De l'art deprendre la balle au bond (disponibles en Points).

***

La mélancolie des marionnettes, un joli titre qui suscite l'interrogation, la curiosité, des pointes d'appréhension. A chacun de ressentir ce titre, de deviner quelle histoire ce cache sous ce titre, la quatrième n'est pas très bavarde, et je ne le serai pas plus.

L'histoire s'articule comme un marionnettiste pourrait le faire, laissant jouer les personnages au gré du spectacle. Tous les protagonistes ne sont que l'occasion à l'auteur à nous offrir de belles opportunités de réflexion, et autres idées intéressantes. Chaque personne lève le rideau sur un horizon différent, tant pour son originalité, sa particularité qui ont leur importance dans l'architecture et l'ambiance du roman.

Le voyage est au rendez-vous, parcourir les belles villes d'Italie, ressentir cette langueur, admirer les couleurs et cette douceur de vivre, m'ont ravie ! Je suis ressortie de cette lecture détendue comme un retour de vacances. Une belle échappée en toute simplicité, croiser des gens atypiques, écouter leur parcours, passer un petit moment en leur compagnie, un réel moment de plaisir.

Sans révéler chaque personnage, vous pouvez deviner : qui dit marionnette dit marionnettiste. Ce personnage m'a touchée et j'ai totalement succombé aux dialogues des marionnettes, à les deviner, à me fondre dans le décor. Si je suis toujours en admiration devant un spectacle, c'est sans grande surprise quand on habite proche de la capitale mondiale de la marionnette. Vivre un festival mondial ne peut que nous émerveiller et j'ai tout à fait retrouvé dans l'histoire de Roberto toute l'esprit de cet art.

Et le roman dans tout ça !

Et bien, il est question de livre, d'écriture, de marionnette, de destin, d'Italie, de rencontre, de philosophie, de sport, d'échecs, d'amour. Dernier volet de ce livre, la boucle est fermée,  une belle manière de nous présenter cet amour, vivre le moment présent et uniquement ce moment, le préserver comme un merveilleux vécu et rien de plus...

Je vous invite à découvrir ce roman original, qui peut déstabiliser car il n'y a pas  réellement de cohérence entre les différents personnages ou histoires, tout comme si Roberto nous présentait ses marionnettes une à une parfois plusieurs ensemble mais ce n'est jamais un tout uni et solidaire mais plus des éclats ici et là parsemés sur le parcours de Denis, on les cueille et puis on admire les échanges , les idées développées etc... j'ai aimé cette diversité par toutes ces rencontres si différentes, j'ai aimé découvrir toutes ces découvertes.

Très touchée par ce livre, tant par les réflexions et le monde des marionnettes même si ce n'est pas l'essentiel du livre mais juste quelques fils tirés ici et là. Au final, ne sommes – nous pas tous des marionnettes de notre vie ? C’est la question qui m’est venue en refermant le livre.

Parenthèses : un article sur ce blog avait déjà fleuri sur ce thème par ici  des marionnettes.

(J'aimerai vous conter ce monde des marionnettes, pas un simple spectacle de guignol, mais la fusion entre le marionnettiste et son petit pantin de bois : c'est une communion, un couple, une âme que l'homme transmet par les fils à cette matière pourtant inerte mais qui prend vie, révélant des expressions, des attitudes qui la rendent vivante. En écoutant un marionnettiste je fus en admiration quand il nous a conté la naissance d'une marionnette, tout le travail en amont, comment son imagination prenait forme comme une gestation alors avec amour, il fabriquait son pantin , lui trouvant les artifices qui le sublimerait d'avantage, et puis tout le travail, de nombreuses heures de manipulation avant de pouvoir le présenter en spectacle. Des heures de travail pour que tout soit parfait, en harmonie, que les articulations, les fils, la matière soient en adéquation, que l'union soit parfaite entre la main de l'artiste et ce petit pantin de bois qui demande qu'à vivre. Jamais je n'aurai pu imaginer l'envers du décor, la souffrance des mains du marionnettiste à force de manipuler, toutes les astuces parfois infimes pour obtenir une performance technique d'un pantin qui devient une belle marionnette vivante nous faisant oublier les fils tirés par cet artiste qui reste dans l'ombre. )

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Mais rejoignons l'atmosphère et les pensées de ce roman, en vous offrant quelques passages :

Page 222 : Les chats sont à la fois nos compagnons et nos maîtres discrets dans l'art d'apprivoiser le temps, des funambules dilettantes en équilibre sur le fil du présent, et leur langueur associée à leurs réflexes foudroyants devrait nous enseigner la bonne manières de réagir aux sollicitations des événements. Au lieu de nous agiter frénétiquement (la plupart du temps en pure perte), nous devrions apprendre d'eux comment économiser notre énergie. Celui-ci s'appelle Fulvio, il est venu un matin stationner devant ma porte, de toute évidence abandonné, et puis il n'est jamais reparti; les vrais chats de compagnies surgissent ainsi un jour dans notre vie, de façon assez décisives ; c'est troublant.

Page 164 : Je sentis l'atmosphère d'isolement de cette île s'insinuer en moi comme un subtil relâchement des nerfs, une influence lénitive se distillant doucement dans mes veines. Laissant les autres s'attabler pour l'apéritif, je vins m'accouder à la rambarde pour contempler l'étendue marine striée de courants aux teintes plus claires qui paraissent évoluer avec une lenteur cosmique, Un léger vent apportait des effluves d'iode et d'algues pourrissantes. Le soleil illuminait par intermittence les feuillages argentés des oliviers. Je retrouvais le fin bonheur qui a toujours émané pour moi de l'atmosphère méditerranéenne.

Page 165 : Pour ma part, repris-je , j'aime la grisaille parisienne. C'est difficile à expliquer mais certains jours, à Paris, quand le temps est gris-bleu (au bord de la pluie, mais on sait qu'il ne pleuvra pas), remonter le long des quais à vélo en observant les péniches qui ronronnent sur la Seine, les mouettes qui virevoltent et font des loopings, les amoureux qui s'étreignent sur un banc, les innombrables terrasses de café emplies d'une foule apparemment insouciante, on en arrive à oublier la rage imbécile des automobiles tout autour et si, en outre, on a un rendez-vous avec une éventuelle conquête dans un musée pour une exposition Bonnard, et rien d'autre à faire pour le reste de la journée que de fureter dans les librairies, lire ou participer à quelques parties d'échecs au jardin du Luxembourg, puis baguenauder dans les rues sans but bien précis, alors la névrose occidentale prend des allures de plaisir raffiné, ne crois-tu pas ?

Page 103 : Si observons l'évolution actuelle du monde et ce qui semble logiquement se profiler, nous entrevoyons mal comment une vrai civilisation pourrait subsister ou même comment la planète pourrait se survivre à elle-même, c'est certain. Mais ne faut-il pas conserver espoir en un quelconque imprévu ?

Je ne vous mets pas la suite, mais sachez que le livre regorge d'autant de réflexions à soulever, à méditer, et tout cela dans une atmosphère sereine et estivale, qu'a su si bien nous peindre l'auteur à la plume tant énergique que mélodieuse et douce.

Juste un petit bémol : trop de citation ou de référence d'auteurs, de livres... un peu c'est intéressant mais trop ça devient étouffant.

Mais n'oublions pas que c'est un premier roman, comme je les aime avec tout le lot de défauts, mais aussi de fougue et d'euphorie, pétillant et parfois maladroit, comme la jeunesse en somme. Moi, j'aime donc contente et satisfaite de cette lecture.

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Un beau billet chez constance93

Je remercie la librairie Dialogues  capture-d_ecran-2010-05-27-a-10-14-261  dans le cadre du club des lecteurs pour cette lecture au parfum d’Italie et de philosophie.

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Commentaires
P
@ l'or, et bien nous parfois des divergences dans nos lectures ce qui est parfait au moins on peut se rejoindre avec plus de plaisir pour celles qui nous sont chères. Bon week end également.
L
Cette fois ci je passe... Je ne suis pas touchée par les extraits que tu cites... (eh oui, ça devait arriver un jour de ne pas avoir la même perception d'un livre... :0)<br /> Bisous Pascale et je te souhaite un bon week end !
P
@ sophie57 : merci sophie, je dois dire que j'ai apprécié cette vague de chaleur. Contrairement à Prague tu ne trouveras pas de marionnettes partout sauf la semaine du festival où tu peux croiser des marchands pour cette occasion venu des quatre coins du monde ..; <br /> <br /> @ anne, c'est justement le titre qui m'a tentée <br /> <br /> @ alex, ce n'est pas un roman dessus, mais juste un prétexte, les marionnettes interviennent deux ou trois fois dans le roman, c'est une façon orignale de faire un dialogue , c'est original et je crois qu'il faut parfois se laisser surprendre justement par des choses qui par ailleurs nous ne tentent pas, avoir une autre vision, une autre approche et ne pas reste renfermé sur ces idées et ses ressentis. Je suis certaine que tu serais surprise par ce livre.
A
Je ne suis aps fan de marionnettes, dans la vie. Alors un roman dessus, qui plus est sans trop de cohérence, je passe....
A
Je ne connais pas du tout ce livre et je suis d'accord avec toi rien que par l'originalité du titre, cela donne envie de lire ce roman ; encore plus en lisant ton avis.
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