L' amour secret de Paola Calvetti
Un amour secret est un amour qui n'existe pas. T'avoir rencontré et ne pas pouvoir t'aimer, c'est comme ne plus pouvoir vivre. C'est nier ma présence au monde".
Présentation de l'éditeur :
Dans son premier roman, Paola Calvetti aborde son sujet de prédilection : l’amour, rendu plus fort par les obstacles, et capable à lui seul de bouleverser nos vies ordinaires. Tout comme dans L’amour est à la lettre A, Paola Calvetti emprunte au genre épistolaire. Parsemée au fil de l’histoire, la correspondance entre Andrea et Costanza apporte une profondeur narrative considérable au récit en établissant un dialogue invisible entre les générations.
L'auteur :
La Milanaise Paola Calvetti a longtemps été journaliste à La Repubblica, et écrit aujourd’hui dans le Corriere della Sera. De 1993 à 1997, elle a dirigé le bureau de presse du théâtre de la Scala de Milan.
Après L’amour est à la lettre A, les Presses de la Cité publient son premier roman, belle variation sur le thème de l’amour.
Date de parution : le 3 juin 2009
Le site des Presses de la Cité : http://www.pressesdelacite.com/site/l_amour_secret_&100&9782258082892.html
Musique avant tout
Mon avis : j’ai préféré de loin ce premier roman et pourtant traduit après l’amour est à la lettre A, pour avoir lu les deux, ce premier roman est bien mieux écrit que le n°2, l’écriture est plus fluide, mesurée, douce et agréable, bien plus aérien que le roman suivant.
C’est un roman épistolaire et moi j’adore ce genre de bouquin forcément c’est à coup sûr des histoires d’amour, mais comme : pas une histoire ne se ressemble, à chaque fois c’est toujours tentant…
J’ai bien aimé, cette vieille dame qui revient sur cet amour secret, la fille de son ancien amant qui lui rend visite et se tisse un lien presque familial entre deux femmes. L’histoire nous plonge dans la musique classique, (le violoncelle fait partie de l’un de mes instruments de prédilection) et le roman est bâti comme une symphonie tant par le découpage en 4 morceaux tant par le rythme, tout est bien orchestré, la douceur est de mise, je me suis sentie bercée par cette lecture, j’ai ressenti une tendresse extrême de la part de cette vieille dame, qui nous conte son histoire d’amour secret. Les lieux sont également très agréables : La Provence en l’occurrence.
J’ai passé un bon moment de lecture, rapide comme si j’étais là aux côtés d’elles, à écouter cette histoire impossible.
Si je devais résumer ce livre je dirais qu’il est douceur, une pointe de mélancolie, certes mais combien je me suis sentie comme dans de la ouate en lisant ce livre… un pur moment de détente et tendre. Il se dégage une grande sagesse de ce livre, c’est touchant, jamais de haine, ni de réels remords, des regrets sans doute mais toujours atténués par la résignation du destin.
J’ai relevé beaucoup de passages courts pour le plaisir de vous faire partager ce petit livre sans prétention mais agréable et puis une histoire d’amour ça ne se refuse pas :
Page : 16 :” Sans savoir à notre insu, le temps, pour nous consoler, étend un voile sur ce que nous appelons la vérité. Elle était là depuis quelques minutes, et je n’ai trouvé mieux que de lui adresser un sourire chaleureux. De ceux que j’ai appris à doser. Il fallait surtout que je cesse de fixer ce grain de beauté placé à quelques centimètres de sa lèvre supérieure. un défaut, aurais-tu dit, qui m’a ramené trente ans en arrière. Un détail insignifiant, au charme affecté et absurde, mais puissant comme une rafale de vent. “
Page 68 : “ La maison éventrée par le temps, Lucrezia. Le jour où je l’ai vue pour la première fois, je me suis représenté le jardin sans les mauvaises herbes et les plantes sauvages, jolies mais inutiles; je l’ai tout de suite imaginé tel que vous le voyez. Il s’est transformé au fil des jours et au rythme de mes envies. Vous devriez venir en juin, quand le parfum de la lavande pénètre les narines, se glisse sous la peau, envahit les pièces. “ (parce que j’aime la Provence , la Drôme tout particulièrement !)
page 73 : Je finis par édifier un mur de silence intérieure. Absence de communication , rejet de l’autre, jusqu’à l’indifférence définitive. Et la rupture. L’analyse m’a sauvée d’une longue chaîne de monologues. Elle a pris ma main. Sa longue main délicate a serré la mienne, frêle, enfantine, qui s’était raidie malgré elle. […] J’aurais pu la décevoir, refuser de satisfaire sa curiosité, ou li inspirer des sentiments violents – rivalité, agressivité. Que savons-nous de ce que la mort dépose dans les profondeurs de notre âme ?”
Page 77 : “Aimer un homme marié, c’est apprendre à composer. On cultive l’art de retenir, résumer, enfermer dans des limites spatiales et temporelles. Il y a eu des périodes où mon amour n’était que douleur. Je vivais à la fois sa présence physique et son éloignement affectif. Une pure contradiction. La souffrance m’accompagnait tout au long de la journée, plantée dans ma poitrine, à l’endroit où je sentais auparavant palpiter de doux et naïfs papillons. parfois il me suffisait d’entendre une note de musique ou de croiser quelqu’un qui me faisait penser à lui pour que le minuscule bien-être que je croyais avoir conquis se dilue dans la mélancolie. “
Page 100 : '”Je crois qu’elle se moquait gentiment de moi. Ma maison, mon point faible, le miroir de ma vanité…Lui aurait aimé vivre sa vieillesse au milieu de cette nature solaire, dans cette ancienne ferme remplie de musique et de livres, tu ne crois pas ? L’idéal aurait été de nous rencontrer aujourd’hui. J’aurais aimé jusqu’à ses inévitables ennuis de santé. Nous aurions rattrapé le temps perdu. Mais voilà, il est mort. Sans m’avertir.”
Page 105 : “ la lune est apparue dans le ciel. Elle est grande, ni blanche ni argentée mais de la couleur de l’acier. Si elle pouvait parler, elle recommanderait la prudence. Elle qui pourtant ne sait offrir que des illusions !”
Page 122 : “ Cette nuit avait le goût de l’éternité. Mon corps redoutait qu’il n’y en ait pas d’autre. Il pressentait, peut-être, les larmes du lendemain, et me demandait de t’aimer avec intensité, comme pour imprimer dans toutes ses cellules une émotion ineffaçable. Au-delà du plaisir, j’ai gardé en moi d’intense saveur de toi. le temps, cet ennemi féroce, commet chaque jour la même erreur : il passe. “
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Pour faire un petit retour sur la musique du livre et du violoncelle plus particulièrement et être un peu moins bête chaque jour, j’aime entendre certains reportages, témoignages sur des sujets aussi divers et variés voici donc :
Un petit entretien avec Anne Gastinel sur l’enregistrement :suites pour violoncelle de Bach, très intéressant son point de vue sur la musique