Lord Démon
Kai Wren, le souffleur de verre, coule des jours paisibles dans sa bouteille, jusqu'à ce que son fidèle serviteur O'Keefe soit assassiné par six démons mineurs. Kai Wren, aussi connu sous le nom de Lord Démon, l'Exterminateur de dieux, décide alors de quitter son vaste domaine pour enquêter sur ce meurtre et se venger. Il ne tardera pas à se rendre compte que même si les guerres entre dieux et démons ont pris fin depuis des siècles, de vieilles rancœurs subsistent. Certains démons ont même décidé de reconquérir la Terre. Dans le flot des trahisons et des intrigues inhérentes à cette reconquête, Kai Wren découvrira qui sont ses véritables ennemis
Vous avez aimé Le cycle des Princes d Ambre... Vous allez adorer ce livre
L’éditeur l’a supposé, il a eu raison, j’ai adoré Le cycle des Princes d’Ambre, et j’ai aimé ce titre : Lord Démon, car j’y ai retrouvé toutes les ambiances si particulières, chaleureuses, colorées et tellement fortes dont R.Zelazny savait si bien nous offrir. C’est donc plus le côté écriture et cette impression de voyager que j’apprécie chez cet auteur plus que les histoires.
Car en somme, les histoires sont composées sur les bases très classiques d’un roman avec les recettes basiques : prenez deux ennemis, montez-les en grande rivalité, pour en faire une belle bataille, à cela parsemer un soupçon d’amour, et plein de pièges à surmonter, sans oublier pour pimenter le tout, des trahissons inattendues, une ribambelle de créatures des plus imaginaires au pouvoir surnaturel et surtout ne négligez pas la présentation avec de somptueux décors, des ambiances à vous y croire tout à fait, de l’originalité à la Zelazny et vous avez là un superbe bouquin empreint de SF très soft…
J'ai tout à fait apprécié ce Lord Démon : Page 17 Chez moi, je me contentais de ma forme naturelle : humaine, en ce sens qu’elle comportait deux bras, deux jambes, torse et une tête et le même nombre d’yeux. Mais je mesurais deux mètres quarante, j’avais les pieds griffus (avec cinq orteils, cependant) et la peau bleu nuit, striée d’un peu de violet. Mes yeux étaient cernés de traits noirs, à angles aigus. D’aucuns pourraient croire que c’est du maquillage (et d’ailleurs, à une certaine époque, il y a mille ans, c’était à la mode), mais c’st naturel. Cela donne à mes yeux, foncés et sans pupilles, un certain reflet et, à mon visage, un aspect sinistre, même quand je ne le désire pas.
N’était-il pas beau ce Démon, mais il a l’avantage de changer d’apparence à sa guise, voyez-vous ça : page 36 Je donnais à ma cape le même gris que celui de mes autres vêtements et y ajoutai une touche de poussière d’étoiles. Les bottes que je portais m’arrivaient à mi-cuisse et une épée ordinaire était fixée à mon flanc. Je m’accordais qu’une touche de couleur : une plume rouge à mon chapeau. Puis, je remontais mon capuchon sur la tête, de façon à me donner un air désinvolte. Satisfait de mon effet, je sortis pour me rendre dans le monde des humains. Je me glissais sur un plan de transit et commençai à voler à travers l’aurore étincelante, survolant des dolmens fantomatiques et des châteaux en ruine. Personne ne vivait là. Ce n’était que des mirages, créés par la force vitale de cet endroit, copie conforme de la Terre.
Non seulement les personnages peaufinent leurs tenues vestimentaires et leur aspect physique, mais les plans sur lesquels ils surfent sont tout aussi digne d’un conte de fée. page 54 : lorsque Li Piao vit que l’édifice épousait les formes du terrain et que dans ses lignes galbées venaient se nicher arcs-en-ciel et cascades, il se tint silencieux ; ses yeux, cependant, se mirent à briller sous ses paupières ridées. Je l’aidai à monter les larges escaliers taillés dans de l’agate polie à l’eau, puis nous franchîmes une porte dorée à la feuille et ornée de sculptures dentelées.
Les personnages sont également très originaux et poétiques ou démoniaques selon : page 60 Sa fille [..] ressemblait aux rayons de lune qu’évoquait son nom. Sa forme naturelle, contrairement à celle de Sept-Doigts, solidement constitué, était partiellement éthérée. Imaginez sur une feuille une tache d’encre qui suggère une silhouette féminine, une courbe, une ondulation, une simple allusion à une ossature délicate. Complétez-la avec une chevelure argentée tombant jusqu’au sol – mais qui n’est visible qu’en partie sur le plan où elle se trouve – soulignez les traits par des rayons de lune ou des poussières d’étoiles et vous obtiendrez Rayon-de-Lune.
Puis il y a des légendes vieilles comme le monde et les récits du passé à écouter : page 105 “il y a quelque cinq mille ans, dans un plan cosmique peu différent de celui-ci, une guerre éclata entre deux factions. Pour un meilleure compréhension, appelons-les dieux et les démons. Les raisons précises de ce conflit se sont perdues dans les limbes du Temps et de la Rationalisation. Le fait est que les dieux gagnèrent la guerre. Ils bannirent les démons survivants les exilèrent dans un autre plan que nous appellerons le Kong Shyh Jieh. Le monde vide ? ……..
Lire Zelazny c’est voyager d’un plan à un autre en pénétrant par des portes plus ou moins dissimulées, c’est côtoyer des créatures fabuleuses, et boire des légendes revisitées en SF, s’imprégner de mythologie (chinoise en l’occurrence pour ce roman), se battre contre des Cintres et tomber dans un tiroir à chaussettes, c’est aussi vivre dans des bouteilles et permettre aux humains de s’inviter dans ces mondes étranges et parallèles de la galaxie et du Temps……..
La fin est beaucoup moins époustouflante mais soyons conscient que l’auteur n’a pas pu achever ce livre puisqu’il a succombé avant de pouvoir l’achever souhaitons qu’il est pu rejoindre l’un de ces mondes si fantastiques que palpitants qui a su bien nous offrir. Son épouse a eu le mérite de nous rendre sa copie terminée grâces aux notes que son mari avait laissées. On ressent bien cette cassure mais la qualité du roman n’en est pas altérée pour autant toutefois les descriptions sont beaucoup moins impressionnantes et l’essoufflement se faufile dans les dernières pages ce qui peut très bien se comprendre : reprendre un tel roman ça relève de l’impossible pourtant le pari est tenu et haut la main. Merci à Jane Lindskold d’avoir relevé ce défi.
J’ai lu ce roman qui traînait dans ma PAL depuis un petit bout de temps et cette lecture rejoint le challenge
2/3 le prochain titre sera : “L’essence de l’art de Iain M.Banks pour clôturer ce challenge SF 2010.
Je confirme si vous avez aimé le cycle des Princes d’Ambre forcément vous aimerez Lord Démon… un beau voyage !