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21 février 2011

Le trottoir au soleil de Philippe Delerm

“Le voyage est en soi, il commence quand on s'arrête. Il a le goût profond, léger, d'une poignée de cerises noires”

Le trottoir au soleil s’inscrit dans la lignée des textes brefs – La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, La sieste assassinée, Dickens, barbe à papa et autres nourritures délectables… – qui ont fait le succès de Philippe Delerm.
Avec la même minutie que dans les recueils précédents, il évoque ces petits éclats de vie qui font la trame des jours heureux : le miroitement du soleil sur l’eau, les moments passés avec un enfant, les arrivées à Paris sous la verrière de la gare Saint-Lazare…
Ce nouveau recueil marque cependant une inflexion par rapport aux précédents : une incursion discrète vers l’intime, un balancement entre le « on » et le « je », un effet de miroir subtilement nostalgique à propos du temps qui passe…
Le rythme, aussi, diffère : régulièrement, un texte plus développé vient ponctuer le recueil, lui apporter la dimension de la réflexion. Mais sans gravité inutile : comme le titre l’indique, tout l’ouvrage se place sous le signe du côté ensoleillé de l’existence, de cette lumière solaire seule capable de transfigurer le moindre détail pour en faire un instant parfait.

***

Partir dans le quotidien figé dans une éternité au goût mélancolique et doux, une sensation amère que ces instants ne seront bientôt qu’un lointain souvenir. Cette lecture n’est que tendresse, douceur de vivre. Apprécier chaque parcelle de soleil, humer les odeurs de bonheur, sourire au temps qui se débine, et ressentir ce contentement tout simple mais authentique de savoir que la vie est faite de mille petits instants si précieux à récolter, voire à thésauriser dans l’album de notre existence. Qui mieux que Delerm pour nous peindre ces tableaux vivants et charmants, touchants et si vrais.

Revivre à ses côtés, ces moments partagés, nous émerveille pour le peu qu’on adhère à ce langage du presque rien qui fait tout.

Certes pas de réelle surprise, car ce titre rejoint tout à fait “la première gorgée de bière” ou encore “Dickens barbe à papa”, si vous avez aimé, vous ne pourrez qu’apprécier “Le trottoir au soleil”. 

Des petits textes qui s’enchaînent comme par magie, des endroits ici et ailleurs, des petits riens qui font un bien fou. Un soupçon de sensualité serait une note nouvelle au sein de ce recueil avec “cette mouillure-là”.

Les fruits, une gare, des rues et des bancs, un mariage, des livres et leur auteur, une brocante et un self-service, autant de sujets, des lieux, des actions et des sensations à explorer en sa compagnie qui nous abreuvent non seulement de poésie mais aussi de bien belles réflexions.

Page 104 : Aller au nord, c’est tailler l’infini la route d’une intime vérité; On est toujours au bord, juste à côté, le long des courbes des canaux, des joncs à peine blonds séparent du ciel gris. Aura-t-on vraiment franchi une frontière en arrivant un jour au coeur de Bruges ? Il semble que ce soit bien là le centre désiré de tous ces cercles concentriques. Dans la perfection de cet ailleurs flottant, qui fait semblant d’étaler l’opulence bourgeoise pour mieux distiller sa ferveur préraphaélite, sensuelle et mystique, on marche à l’infini, on se sait attendu. On est au coeur de soi.

J’ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir et c’est toujours un réel bonheur que de se plonger dans les ouvrages de Philippe Delerm, un instant on déconnecte pour s’immerger dans la douceur de vivre, prendre le temps de regarder et d’apprécier, observer, écouter…

Page 40 : Est-ce seulement le soleil à contre-jour filtrant sous les branches ? Il y a de la tristesse, de l’espoir et du talent, dans la poussière qui danse en suspension. Pas de place à payer pour le spectacle. On se sent bien, dans la grammaire de la rue. Le verbe fait l’action. Mais il y a les verbes d’état aussi. Ils n’ont pas de complément d’objet, pas de but. Etre, paraître, devenir; On se sent là. Lézard de la rue.

Il nous décline mille petites choses qui pourraient paraître insignifiantes mais enluminées par sa plume ça devient un réel moment de grâce. Il nous parle si bien des choses de la vie, des livres et des mots, des situations et des occasions de chaque jour et de tout à  chacun que forcément, on y retrouve un peu de nous au détour d’une page. Beaucoup de petits chapitres ou tableaux diversifiés sur des thèmes tout aussi divers.

Lire Delerm comme reflet de son texte “dans la poussière dorée” : le temps se fige, et se mue en une douce candeur en naviguant sur les flots du plaisir de lire.

Page 145 : Un livre idéal pour le Luxembourg au mois d’août, c’est “l’inconnu sur la terre”, de Le Clézio. Des pages libres et détachées qui parlent de nuages, de vraies oranges et de temps arrêté. A l’ombre épaisse du Luxembourg, le corps penché en arrière, c’est comme dans le bouquin de Le Clézio. Le temps ne passe pas, personne n’a rien à faire. On se laisse dériver dans la pluie sèche de poussière dorée. Très tard, très loin, il y aura les coups de sifflet tranquilles des gardiens, une petite sévérité discrète pour vous sortir de la torpeur. Au-delà des grilles on va changer de corps et retrouver le pas, le rythme de la ville.

Suprême délice à le lire, une parenthèse plaisir, une bulle d’échappée vers des ailleurs.

Qui a déjà lu Delem, comprendra tout à fait cette sensation qu’on éprouve, qui ne l’a pas lu, et bien courrez vite vous le procurer et vous comprendrez.

Ce livre m’a été envoyé par la 54768788 

dans le cadre du club des lecteurs de  capture-d_ecran-2010-05-27-a-10-14-261

que je remercie vivement pour cette superbe lecture.

J’inscris évidemment ce livre à mon anti-challenge logo antichallenge

Je vous laisse en compagnie de l’auteur qui vous présentera bien mieux que moi son oeuvre et pour ma part, je vous donne RDV très prochainement pour un autre titre de Delem : Les chemins nous inventent.

Entrez la légende de la vidéo ici

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Commentaires
P
à boulie, on se comprend donc, un auteur qui est toujours plaisant à lire et à relire
B
Je suis archi d'accord avec toi, j'aime cet auteur également et je n'ai pas été déçu par son dernier opus...
P
@ L'or, parfois cela me manque cruellement d'avoir une belle librairie près de chez moi j'aime tant m'y balader, rester des heures durant au miliue de toutes ces pages, mais souvent je dois dire : merci car, là je serai à la même enseigne que toi... je m'étais promis de ne plus acheter de livres tant que ma pal n'aurait pas complètement disparue, j'ai craqué à la bourse aux livres mais je résiste depuis plus aucun achat, ni sur le net, ni ailleurs ni même un poche... objectif, anti-challenge lire ma pal, retourner à la bibliothèque , je verrai à la fin de l'année si j'ai pu résister j'ai de quoi lire déjà pour un bon bout de temps...donc plus d'achat précipité je modère mes visites sur les sites de livres. Il te faudrait renverser ta pile, le dessous devenant le dessus ... où tu tires au hasard un livre un coup en dessous un coup au dessus ! malgré tout restons heureuses de pouvoir prendre plaisir à posséder autant de bonheur chez nous... je te souhaite de bonnes lectures et un bon ween end, bisous
L
Je crois que c'est ce qu'il me faudrait : passer quelques mois dans une ville sans livrairie... Le problème quand on a une PAL trop indécente c'est le choix... Et que, malheureusement, à moins de lire jour et nuit, ça prendra beaucoup de temps à la faire redescendre à un niveau plus normal... Et en ce moment il n'y a que les nouveautés qui me tentent... Donc les livres qui sont au dessus... Et les livres du dessous stagnent... Il faut quand même que je remédie à cela... Mais commment ??? C'est pour ça que je me suis inscrite à ce concours STAR, pour descendre un peu cette pile... <br /> Bon week end Pascale et bisous
P
@ Clara, tu définis à la perfection son style. la simplicité tout à fait mais toujours avec cette délicatesse et poésie.
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