Les Ardennes autrement–Des vestiges d’un passé
Au détour d’un chemin, le hasard peut parfois nous surprendre par la beauté architecturale d’une bâtisse hors du commun !
Il y a fort longtemps sur ces terres Ardennaises s’élevait un château, dont vous pourrez lire son histoire sur la page ICI, à ce jour il ne reste que des vestiges ici et là certains guère visibles, simplement l’ombre d’un passé ancré dans la pierre, la forme, les courbes des rues… Et puis des téméraires ont relevé le défi de redonner vie au moins à une partie infime de ce patrimoine pour notre plus grand plaisir. L’une des parties communes qui se miraient en forme de fer à cheval ! Coïncidence ou pas, cette forme sied parfaitement bien, puisqu’aujourd’hui, ces bâtiments sont des écuries, un haras, un musée du cheval ardennais aussi.
En 1756, le marquisat fut vendu à Pierre-Guillaume Tavernier de Boullogne, trésorier de l'Extraordinaire des guerres et secrétaire du Roi. Il fait aussitôt raser l'ancien château-fort et n'en garde que les fossés, les fondations et les caves, car il veut se faire bâtir là, par l'architecte Claude Baccarit, une demeure qui soit son Versailles, avec parc, pièces d'eau et jardins immenses, embellis de statues, et entourée de dépendances étonnantes. Ce sont ces magnifiques communs, en forme de fer à cheval, que nous admirons toujours aujourd'hui !...
Toutes ces folies ont ruiné Tavernier de Boullogne, et, en 1781, le marquisat est acheté par Jacques-Mathieu Augeard, fermier général et secrétaire des commandements de la reine Marie-Antoinette, devenu ainsi seigneur de Buzancy et nouveau propriétaire des lieux.
Hélas, en 1784, le merveilleux château est complètement détruit par un incendie ! Augeard le fait relever par l'architecte François-Joseph Bélanger, le bâtisseur de Bagatelle. En 1787, les bâtiments sont déjà reconstruits, les travaux s'achèvent. En 1789, presque tout est meublé. Augeard approche des 60 ans ...
Le château n'avait rien des grâces, de la légèreté et de la frivolité des Folies de cette époque, mais tout d'un petit palais ! 80 pièces : 20 appartements à l'étage avec boudoir et chambre, une chapelle, une salle de bains, une réplique de la galerie des glaces (côté parc), ainsi qu'un grand salon, une salle de billard, un petit salon, et une salle de théâtre, sans compter l'aile réservée aux offices...
La prairie, redessinée par Bélanger, devint un parc splendide avec vaste jardin à la française peuplé de statues, dont le groupe sculptural de la Samaritaine face à l'immense pièce d'eau entièrement dallée sur une longueur de 700 mètres. Parterres de gazon, allées multiples, bosquets et bois se perdaient au loin en direction du Couchant. L'entrée du château, avec ses 2 pavillons élégants, était fermée de grilles magnifiques gardées par les lions de Coysevox, statues de pierre grandeur nature, offertes autrefois par Stanislas Leszczynski (?).
En 1790, revenu de Paris, après un court séjour ici, Augeard émigre pour Bruxelles, Coblence, et Mayence. En 1792, la propriété est visitée, inventoriée et tout est vendu et dispersé aux enchères publiques le 6 Germinal An II (26 Mars 1794). Le château, devenu tribunal du district de Grandpré, est finalement vendu en 1795 à Buquet.
Et c'est ce Buquet, blessé dans son orgueil, qui mettra le feu à sa demeure : en effet, il n'aurait pas supporté que Napoléon, qui passait à Buzancy le 11 octobre 1804, ait décliné son invitation et refusé de déjeuner chez lui.
Ainsi disparut en fumée cet éphémère Versailles de village : le parc retourna en pâturage ; la pièce d'eau, qui n'avait pas sa pareille, s'embourba et s'encombra de roseaux ; de toutes les statues disparues il ne resta que le nom de la Samaritaine, qu'on prononce encore aujourd'hui. Et dans les extraordinaires communs, devenus brasserie, puis bâtiments de ferme qui allaient lentement se ruiner, à la place des carrosses remisés là, on n'entreposa plus que des citrouilles !
Derrière ces murs se dissimule une perle architecturale !
En prenant le chemin de l’entrée principale, s’étale ce demi-cercle en forme de fer à cheval
Détail du centre du bâtiment
En face, si on continue notre promenade, nous pouvons voir son jumeau, hélas non restauré, laissé à l’abandon, quel courageux investisseur un jour retroussera ses manches, et ouvrira son portefeuille ! Pour redonner vie à ces pierres !
Préserver notre patrimoine, revaloriser nos régions, défendre nos valeurs locales, un combat d’envergure qui coûte hélas beaucoup d’argent, de temps et d’énergie !
Voici la race de nos chevaux ardennais, du costaud ! mais tellement doux, docile, impressionnant mais charmant !